Le clivage politique majeur oppose le "cercle de la raison" et les autres
Résumé
Citations
« [Le cercle du réel et du possible est] le cadre dans lequel se déroulera la prochaine présidentielle [celle de 1995]. C’est à l’intérieur de ce cercle du réel et du possible qu’un vrai débat démocratique doit s’instaurer. C’est comme cela que les choses se passent à l’étranger. Vous croyez qu’aux dernières élections allemandes, messieurs Scharping et Kohl ne s’inscrivaient pas dans le cercle du réel et du possible ? Dans les démocraties accomplies, point n’est besoin de spécifier ce cercle parce que chacun l’a en tête. C’est vrai que dans la France telle qu’elle est, avec ses relents populistes, son jeu social relativement déstructuré, ses forces politiques très particulières, le cercle du réel et du possible n’est pas en effet l’apanage de 90% de la sphère politique. Eh bien, nous apportons notre modeste contribution pour le cadrer. (...)
En d’autres termes, l’idée de « cercle de la raison » ou « le cercle du réel et du possible » n’implique pas forcément que seuls les partis prônant l’austérité budgétaire (la limitation par l’État de ses dépenses) soient des candidats au pouvoir viables (ce qui la distingue peut-être du TINA, There is no alternative, de Margaret Thatcher). Ce n’est pas la « pensée unique » pour Minc :
Mais seuls se trouvent dans ce cercle les programmes qui se posent « à l’intérieur du champ de la réalité », c’est-à-dire ceux qui ne cherchent pas à faire plier l’économie sous la volonté de l’État, ceux qui ne s’opposent pas aux marchés, ceux qui acceptent le fait de la mondialisation libérale. Alain Minc attaque ici l’idée selon laquelle l’État peut tout, que la politique peut « changer la vie » (selon le titre du programme du parti socialiste de 1972), sans prendre en compte l’environnement contraint dans lequel une économie se déploie. Ces projets-là proposeraient une alternance qui « nie le champ de la réalité » et « qui se termine dans le mur ». Ils seraient tout simplement irrationnels, irréalistes, inapplicables, hors du champ de la politique possible et, comme tels, nuls et avenus. »