La France comme l'Europe se sont constituées par des vagues perpétuelles d'immigration
Résumé
Citations
« Dès les débuts de la révolution industrielle, le prolétariat se constitua grâce aux apports successifs de l'immigration. Des Irlandais vinrent par milliers s'embaucher dans les bagnes industriels de Manchester, Londres ou Liverpool. Avant 1850, des Belges et des Allemands émigrèrent vers les filatures et les premières mines du Nord et dans la région parisienne. Entre les années 1870 et 1914, des centaines de milliers d'Italiens s'installèrent en France, en Autriche, en Allemagne pour faire tourner les hauts-fourneaux, creuser les mines, construire les voies de chemin de fer, décharger les bateaux. Puis ce fut le tour des Polonais d'émigrer massivement vers les centres industriels allemands ou français. D'autres venaient d'Espagne ou du Portugal. Sans parler de tous ceux qui s'embarquèrent vers les Amériques, quelque 50 millions d'européens entre 1840 et 1940. »
« En France, après la saignée de la guerre, les besoins en main d'œuvre augmentèrent encore et spécialement dans les emplois les plus durs, la sidérurgie, les mines et l'agriculture alors très peu mécanisée. En collaboration avec l'État, les organisations patronales organisèrent une véritable traite de la force de travail avec trains spéciaux et centres de tri. Des agents de recrutement partirent en Italie, en Espagne et surtout en Pologne. Au cours des années 1920, deux millions d'ouvriers étrangers supplémentaires vinrent travailler en France dont 500 000 venaient de Pologne. […] Après la Deuxième Guerre mondiale, toute l'Europe vit affluer des immigrants y compris la Suède, les Pays-Bas ou la Belgique qui furent longtemps des terres d'émigration. Les nouveaux migrants venaient d'Espagne, d'Italie, de Yougoslavie et massivement du Portugal à partir de 1961. Comme cette immigration interne à l'Europe ne suffisait pas pour satisfaire les immenses besoins de main d'œuvre des usines ou des chantiers de constructions, le patronat organisa ses propres filières de recrutement. Durant ces années, les gouvernements ne traquaient pas l'immigration « clandestine ». Ceux qui passaient les frontières, en prenant parfois des risques depuis le Portugal de Salazar ou l'Espagne de Franco, étaient rapidement régularisés. L'Allemagne signa un accord avec la Turquie et fit venir un million de travailleurs turcs au cours des années 1960. Les patrons français de l'automobile ou ceux des houillères envoyèrent des rabatteurs pour recruter directement dans les villages d'Afrique du Nord. »