Pour éviter un déplacement de la fenêtre d'Overton
Résumé
Citations
« Lorsque ces organismes rencontrent une clef de la vie politique, un saut qualitatif s’effectue puisque les messages racistes et xénophobes conditionnent les politiques publiques et interfèrent dans l’arène civile. Cela nourrit le conflit ethnique, qui n’est pas forcément directement généré par un parti raciste. En effet, des acteurs ayant imposé l’élargissement de la fenêtre d’Overton du racisme et de la xénophobie dans l’opinion générale, les partis dits “modérés”, souvent au pouvoir, sont alors de plus en plus favorables aux mobilisations anti-immigration et à leur législation. En somme, Bardella n’a pas besoin d’arriver au pouvoir pour que l’intolérance contre les personnes immigrées augmente. »
« De cette façon, les médias détiennent un pouvoir immense pour influencer l’opinion publique. Des idées qui seront largement véhiculées dans les journaux pourront devenir acceptables alors qu’elles ne l’étaient pas par le passé. Une situation parfois traduite par le phénomène de “fenêtre d’Overton”. De la même façon, quand des pensées nouvelles émergent, mais sont diabolisées par la presse, elles seront plus difficilement tolérées. »
« Tout dépend de ce qu’on désigne par le terme « Extrême droite ». S’il s’agit de désigner une structure (un parti, un collectif, un mouvement, une association) qui se donne des objectifs politiques d’extrême droite, alors je réponds qu’on ne débat pas, sans aucune ambiguïté. Certaines personnes pourraient penser que la liberté d’expression l’emporte sur tout le reste et qu’il faut miser sur les capacités de persuasion, sur la force des arguments pour contredire l’extrême droite. Mais l’expérience montre que les mécanismes de la parole publique obéissent à d’autres lois que celles de la confrontation démocratique, rationnelle et paisible des idées. Ce qui se passe en réalité relève davantage d’une lutte pour occuper l’espace que d’un débat rationnel. Dans cette lutte pour occuper l’espace, chaque fois qu’on accepte de débattre avec un·e représentant·e d’un parti d’extrême droite, non seulement on lui offre un temps de parole, mais en plus on lui donne de la légitimité, de l’acceptabilité. C’est le fameux principe de la « fenêtre d’Overton », qui désigne ce qui est considéré comme acceptable dans le débat public. À force d’accumuler les prises de parole, l’extrême droite est parvenue à faire entrer dans cette fenêtre beaucoup de thèmes autour desquels les autres partis se sentent obligés d’intervenir. C’est la grande victoire de l’extrême droite, elle a réussi à imposer ses sujets. »
Références
- Olivier Manonni, Coulée brune: comment le fascisme envahit notre langue, Éditions Éloise D'Ormesson, octobre 2024.
- La fenêtre d'Overton, Nos pensées, 03 août, 2018.