Débattre avec l'ennemi, c'est participer à la diffusion de ses idées
Résumé
Citations
« Tout dépend de ce qu’on désigne par le terme « Extrême droite ». S’il s’agit de désigner une structure (un parti, un collectif, un mouvement, une association) qui se donne des objectifs politiques d’extrême droite, alors je réponds qu’on ne débat pas, sans aucune ambiguïté. Certaines personnes pourraient penser que la liberté d’expression l’emporte sur tout le reste et qu’il faut miser sur les capacités de persuasion, sur la force des arguments pour contredire l’extrême droite. Mais l’expérience montre que les mécanismes de la parole publique obéissent à d’autres lois que celles de la confrontation démocratique, rationnelle et paisible des idées. Ce qui se passe en réalité relève davantage d’une lutte pour occuper l’espace que d’un débat rationnel. Dans cette lutte pour occuper l’espace, chaque fois qu’on accepte de débattre avec un·e représentant·e d’un parti d’extrême droite, non seulement on lui offre un temps de parole, mais en plus on lui donne de la légitimité, de l’acceptabilité. C’est le fameux principe de la « fenêtre d’Overton », qui désigne ce qui est considéré comme acceptable dans le débat public. À force d’accumuler les prises de parole, l’extrême droite est parvenue à faire entrer dans cette fenêtre beaucoup de thèmes autour desquels les autres partis se sentent obligés d’intervenir. C’est la grande victoire de l’extrême droite, elle a réussi à imposer ses sujets. »