La lutte contre le "wokisme" est le paravent de l'extrême-droite
Résumé
Citations
« Le ripolinage n'aura pas tenu longtemps. Depuis qu'il a envoyé en juin 2022 le plus gros contingent d'élus gays à l'Assemblée nationale, le Rassemblement national (RN) redoublait d'ardeur pour faire croire aux homos qu'il était de leur côté. Déjà démenties par de nombreux faits, ces déclarations d'intention se heurtent ce mercredi 15 avril à un nouvel acte : une quarantaine de députés, sénateurs et eurodéputés du parti de Marine Le Pen annoncent la création d'une association contre "le poison du wokisme". »
« L’extrême droite a besoin d’un ennemi idéologique avec lequel elle cherche constamment le conflit. En l’absence d’un véritable rival de gauche, Fratelli d’Italia s’invente donc constamment des ennemis : les ONG, les universitaires de gauche, les réseaux dits communistes, le marxisme culturel, le wokisme... »
« Pour le député Ecolo Guillaume Defossé, "le MR défend le fascisme de Mussolini". "Après les republications de l'extrême-droite française, le respect pour Zemmour, les discours délirants sur ce qu'il appelle le 'wokisme', ça fait longtemps que les lignes sont dépassées.” »
« la liste est interminable des choses qui se sont installées, qu’on aurait crues impossibles il y a encore cinq ans, et qu’une vue rétrospective nous fait regarder avec sidération : police définitivement dégondée, devenue bloc de racisme, de violence et de mensonge, chancre autonome n’obéissant plus qu’à lui-même ; empire croissant d’un énorme groupe multimédias occupé à promouvoir en pleine lumière un candidat ouvertement fasciste (avec la bénédiction passive du CSA) ; groupes néonazis décidés à terroriser la rue quand ça n’est pas à s’armer et à préparer des attentats ; islamophobie déchaînée jusqu’aux plus hauts niveaux de l’État ; maccarthysme dans l’université ; stupéfiant triomphe des idéologues d’extrême droite à imposer leurs thématiques délirantes (« woke », « islamogauchisme », « cancel culture »). »
« Fervent partisan de Donald Trump et adepte des théories de Steve Bannon, l’influenceur mobilise son importante communauté pour faire pression sur de grandes marques comme Ford, Harley Davidson ou Jack Daniels, afin qu’elles abandonnent leurs politiques d’inclusion. »
« Dans la Panique Woke, tu reviens sur le GamerGate en 2014. En quoi constitue-t-il un moment majeur dans la montée du néo-conservatisme qui aujourd’hui tient tant à se battre contre ce qu’il nomme le wokisme ?
Le GamerGate, c’est une grande campagne de harcèlement envers des critiques féministes qui émane du milieu des jeux vidéos. Le but était de dire que des méchantes féministes hystériques, allaient leur voler leurs jeux vidéos, influencer leur culture, les mettre en danger. Et donc qu’il allait falloir se défendre contre elles par tous les moyens.
Ce déferlement d’anti-féminisme et de sexisme sur Internet – auquel se sont accolées ensuite la transphobie, le racisme et tous le package –, a été perçu comme un laboratoire par des intellectuels conservateurs et néo-réactionnaires et notamment un journaliste britannique expatrié aux États-Unis qui s’appelle Milo Yiannopoulos, qui va mener cette campagne en mobilisant des jeunes hommes plutôt blancs, plutôt hétéros, plutôt pas trop diplômés, à qui il va apprendre ce militantisme culturel.
Leur but était de faire enrager les féministes, les post-modernes, les social justice warriors, les wokes et s’en payer une bonne tranche sur leur dos. L’important, n’était pas tellement les positions prises. L’important, c’était de battre l’ennemi. On pouvait être incohérent, dire tout et son contraire, ça n’avait pas d’importance. »
Références
- Alex Mahoudeau, La Panique woke: anatomie d’une offensive réactionnaire, Éditions Textuel, 04/05/2022.
- Alain Policar : « Les conservateurs nomment “wokisme” tout ce qu’ils n’aiment pas », Cyprien Caddeo, L'humanité, 2 mai 2024.