Le capitalisme "vert" est essentiellement du greenwashing
Résumé
Citations
« Les champions du greenwashing – en français éco-blanchiment – sont bien évidemment les entreprises qui causent le plus de dommages à la planète. Pour redorer leur blason, certaines sont prêtes à tout, y compris aux manipulations les plus malhonnêtes. »
« D’après la définition donnée par Planet Track, le “greenshifting” désigne la tendance des entreprises qui déploient des campagnes dont les messages “laissent entendre que le consommateur est en faute et qu’elles lui en font porter la responsabilité”. Un exemple ? La compagnie anglo-néerlandaise Shell qui a suscité un véritable tollé sur Twitter en novembre 2020. Celle-ci avait lancé un sondage sur le réseau social à l’oiseau bleu en interpellant directement les internautes et en leur demandant ce qu’ils étaient prêts à faire “pour contribuer à réduire leurs émissions de CO2”.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la pilule n’est pas passée. Mais les internautes ne sont pas les seuls à s’être insurgés. Des personnalités de renommée mondiale ont elles aussi réagi. “Je suis prête à vous demander des comptes pour avoir menti sur le changement climatique pendant 30 ans, alors que vous saviez secrètement depuis le début que les émissions de combustibles fossiles allaient détruire notre planète”, a par exemple tweeté la politicienne américaine Alexandria Ocasio-Cortez.
La Suédoise Greta Thunberg a elle aussi posté un message bien senti : “Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais moi, je suis prêt à dénoncer les entreprises de combustibles fossiles qui, en toute connaissance de cause, détruisent les conditions de vie futures pour d’innombrables générations à des fins lucratives, puis tentent de détourner l’attention des gens et d’empêcher un véritable changement systémique par le biais d’interminables campagnes de greenwashing”. »
« La critique publicitaire ne date pas de ces dernières années, au contraire. Pour Thierry Libaert, professeur des universités en sciences de l’information et de la communication à l’Université catholique de Louvain, elle remonte à moins un siècle, mais aujourd’hui elle a changé de forme. Selon lui, on assiste à « quelque chose de totalement nouveau » : « Il y a eu une première étape où la publicité était critiquée parce qu’elle déformait le paysage, nous abêtissait. Plus récemment disons au moment du Grenelle de l’environnement 2006-7 (réunion politique ayant eu lieu en France sous la présidence de Nicolas Sarkozy, dont l’objectif était de prendre des décisions à long terme en matière d’environnement et de développement durable, ndlr), la critique principale portait sur le greenwashing : ces entreprises qui racontent n’importe quoi et survalorisent l’argument environnemental ». Et il est vrai que le greenwashing, ou « éco-blanchiment » pose encore problème. Méthode de marketing consistant à communiquer auprès du public en utilisant l’argument écologique de manière trompeuse, surfant sur la « mode écolo », le but intrinsèque n’en reste pas moins sombre : faire acheter au consommateur un produit polluant, tout en le réconfortant d’avoir fait une bonne action, parce qu’il aura été fourvoyé. »
« Les enfants gâtés, eux, sont des influenceurs domestiques qui font, pour la majorité, partie des classes moyennes occidentales. Ils sont ceux qui rendent possibles la démocratisation des préceptes des nouveaux sauvages auprès du reste de la population occidentale. Ce sont les croyants du capitalisme responsable : pour eux, c’est par la consommation, si elle est éco-responsable, qu’une transition sociétale va être possible. Une transition au prix du moindre effort, qui d’après les travaux que je mène, conduit au mieux à un statu quo, au pire à consommer encore plus qu’avant. »
Références
- Daniel Tanuro, L'impossible capitalisme vert, La Découverte, 2012.
- Capitalisme vert : ils détruisent le monde en prétendant le sauver (Dossier), R. D., Mr Mondialisation, 8 décembre 2019.
- De nombreux cas de greenwashing pointés par un rapport de la Commission européenne, Mr Mondialisation, 13 février 2021.
- Prix Pinocchio : le meilleur du pire du greenwashing dans l’agrobusiness, Mr Mondialisation, 31 janvier 2020.