Contredire un ennemi ne fait que renforcer ses convictions

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RésuméRésumé

Un biais cognitif nommé l'effet retour de flamme implique que lorsque nous sommes face à des preuves irréfutables de l'invalidité de notre opinion, cette dernière s'en retrouve paradoxalement renforcée.

CitationsCitations

« Dans une série d'expériences, Brendan Nyhan, de Dartmouth College, et Jason Reifler, de l'Université d'Exeter, ont identifié un second facteur, connexe, qu'ils ont nommé « effet rebond » (en anglais, backfire) : corriger les erreurs factuelles liées aux croyances d’une personne n’est pas seulement inefficace, mais cela renforce ses croyances erronées, car « cela menace sa vision du monde ou l’idée qu’elle se fait d’elle-même ». Les sujets d’une expérience recevaient par exemple des articles de presse fictifs qui confirmaient des idées fausses répandues, comme la présence d’armes de destruction massive en Irak. Puis on donnait aux participants un article qui démontrait qu’aucune arme de destruction massive n’avait été trouvée. Résultat : les sujets d’orientation libérale qui étaient opposés à la guerre ont accepté le nouvel article et rejeté les anciens, alors que les conservateurs qui soutenaient la guerre ont fait le contraire. Pire, ils ont déclaré être encore plus convaincus de l’existence d’armes de destruction massive après avoir lu l’article montrant qu’il n’y en avait pas, au motif que cela prouvait seulement que Saddam Hussein les avait cachées ou détruites. En fait, Nyhan et Reifler ont noté que chez de nombreux conservateurs, « la croyance que l'Irak possédait des armes de destruction massive juste avant l'invasion par les États-Unis a persisté longtemps après que l'administration Bush elle-même a fini par admettre que ce n’était pas le cas ». »

Michael Shermer, « Pourquoi les faits ne suffisent pas à convaincre les gens qu’ils ont tort », Pour la science, 19 janvier 2017.

« Diffuser des correctifs, aussi factuels soient-ils, renforce souvent une fausse information, du simple fait qu'elle est ainsi répétée et propagée. S'attaquer à un « fait alternatif », c'est également lui accorder de l'importance, et ainsi le rendre plus crédible et mémorable qu'il ne le mérite. Une autre difficulté vient de ce que les sources « officielles » suscitent une certaine méfiance. Les campagnes pour la vaccination ont alors plutôt pour effet de renforcer l'hostilité des personnes résolument antivaccins, c'est-à-dire précisément celles dont il faudrait changer le comportement (ce qu'on appelle l'effet boomerang). Pourquoi ? Parce qu'elles sentent qu'on s'attaque à leurs convictions, dont l'une est que de toute façon « on » cherche à les faire taire par tous les moyens. »

Sebastien Dieguez, « Post-vérité : la face sombre du cerveau », Cerveau & Psycho, 21 avril 2017.

RéférencesRéférences

Arguments pourJustifications

Arguments contreObjections

  • Argument contreOn ne débat pas pour convaincre l'ennemi, mais les spectateurs indécis du débat
  • Argument contreEviter de généraliser : les gens peuvent évoluer par petites touches

Débats parentsDébats parents