La science ne peut expliquer l'existence des phénomènes et lois physiques
Résumé
Citations
« L’argument de Dawkins présuppose que toute forme d’ignorance peut être comblée par la science physique mathématisée. Or, ce n’est pas le cas. Le wishful thinking des scientistes, qui consiste à dire qu’« avec les progrès de la science, tout fini un jour par être expliqué », n’est pas toujours justifié. […] non, il existe vraiment des questions auxquelles nous pouvons savoir par avance, pour des raisons logiques, que la science ne pourra jamais répondre. La science peut en droit expliquer tous les phénomènes physiques à partir des lois et des conditions initiales. Mais il est par définition impossible qu’elle explique le fait qu’il existe des phénomènes physiques en général. De même, il est impossible qu’elle explique l’existence des lois. Assurément, elle peut dériver certaines lois d’autres lois plus fondamentales, mais il y aura bien à la fin (en supposant une science totalement réalisée) quelques lois, voire une seule loi fondamentale (décrite par la future et hypothétique Theory of Everything) dont toutes les autres dériveront et qui ne sera elle-même pas expliquée par la science. Cette loi, par hypothèse, comprendrait un certain nombre de constantes, et s’appliquerait à des quantités arbitraires de matière qui apparaîtraient comme des faits bruts sans explication. De même, l’intelligibilité, la beauté, la simplicité des lois de la nature sont inexplicables par la science. Ces « ignorances » ne sont pas des ignorances que l’on puisse combler par la science : elles sont indépassables par la science. Affirmer : « Un jour la science nous dira pourquoi il existe quelque chose plutôt que rien » n’a pas plus de sens que de dire « un jour la géométrie nous dira où se trouve l’espace ». La science n’a de validité qu’à l’intérieur de la sphère des phénomènes physiques, elle ne peut pas porter sur la question de savoir si la totalité des phénomènes physiques a ou non une cause. Tandis que la science se demande comment l’univers se transforme, la métaphysique se demande si l’existence de l’univers lui-même a une explication. Répondre à cette question, ou tenter de le faire, ce n’est en aucune façon répondre à une question à laquelle la science aurait pu (ou pourrait) répondre : ce n’est donc pas combler un trou. Le Dieu de la métaphysique n’est pas un God of the gaps. »