Il faut mettre hors la loi ce qui porte préjudice
Résumé
Citations
« Pour Joel Feinberg, les mots offensants sont comme de simples piqûres de moustiques : ils ne deviennent préjudiciables qu'à condition de se répéter. Mais comment résoudre le paradoxe du tas, ici appliqué aux moustiques ? Dans La Liberté d'offenser, Ruwen Ogien propose dans le sillage de Mill un cadre qui permettrait de différencier le préjudice de la simple offense qui selon lui ne devrait faire l'objet d'aucune poursuite. Tout ce qui n'attaque que des entités symboliques ou abstraites, les « crimes sans victimes » ne saurait être prohibé. Mais, ne serait-ce qu'intuitivement, il semble incontestable qu'il existe certains types d'« offenses » qui, sans constituer des « préjudices » physiques concrets, doivent être limités : la diffamation, qui porte atteinte à la réputation et à l'honneur, les menaces répétées, les rumeurs ou encore les injures racistes ou sexistes. Ruwen Ogien propose ainsi trois critères par lesquels une offense devient préjudice : si l'on ne peut l'éviter (auditoire captif) ; si elle relève d'une intention de nuire systématiquement ; si son intensité est élevée. Ainsi Ruwen Ogien, en refusant de minimiser l'importance de certaines offenses (telles les injures racistes et sexistes, qui pourtant relèvent du symbolique est amené à prendre en considération la perception subjective des personnes qui s'estiment offensées. »