Personnes condamnées sur base de déclarations mensongères de la police
Résumé
Citations
« La CSI 93, ou l’unité qui représente à elle seule les dérives de la police française. A travers des retranscriptions de sonorisations, des échanges de messages sur différentes applications mobile, une dizaine de rapports de synthèse de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) écrits dans le cadre d’enquêtes ouvertes après des plaintes, ou encore des auditions de personnes interpellées par ces policiers, Libération a pu retracer une liste vertigineuse de brutalités, de propos racistes, d’accusations de vol et de procès-verbaux inexacts, reprochée à la compagnie de sécurisation et d’intervention de Seine-Saint-Denis. Ces faits et ces suspicions d’actes délictueux, voire criminels, courent de juin 2017 à mai 2020. Soit quelques semaines avant que la préfecture de police de Paris et son patron, Didier Lallement, dont la CSI 93 dépend, n’annonce à l’été 2020, par voie de presse, la dissolution de l’unité, pour mieux y renoncer discrètement ensuite. Aujourd’hui, la CSI 93 existe toujours : son organisation et ses missions n’ont pas changé. La plupart des agents sont toujours en poste, et une dizaine d’enquêtes menées sur eux ont été classées sans suite par le parquet de Bobigny en dépit d’éléments accablants. D’autres sont toujours ouvertes. »
« Valentin Gendrot assure avoir vu un policier rouer de coups un adolescent, puis établir un "PV mensonger". Il dit également avoir participé à ce "PV mensonger" visant à "absoudre le policier". Ce jour-là, sa patrouille est appelée par un voisin se plaignant de jeunes écoutant de la musique au pied d'un immeuble. Le contrôle dégénère quand l'un des policiers "tapote" la joue d'un adolescent qui, en réponse, provoque le fonctionnaire : "Je te prends en un contre un". Le policier met une première "baffe" au jeune homme "puis deux, puis trois, peut-être quatre ou cinq", écrit le reporter. L'agent "se déchaîne" ensuite à "coups de poing" et d'insultes sur l'adolescent, qui est embarqué au commissariat pour une vérification d'identité. Le policier porte alors plainte pour outrage et menaces, l'adolescent pour violences. Un PV "mensonger" est rédigé pour "charger le gamin" , affirme Valentin Gendrot, qui incriminera lui aussi l'adolescent lors d'une enquête interne. "A aucun moment il n'apparaît dans ce texte que le policer a frappé" le jeune homme, explique-t-il au site d'investigation Mediapart. Il précise aussi que le "PV mensonger" auquel il a participé est un "faux en écriture publique", considéré comme "un crime" passible de quinze ans de prison. »