Notre monde est le meilleur des mondes possibles
Résumé
Citations
« La sagesse de Dieu, non contente d’embrasser tous les possibles, les pénètre, les compare, les pèse les uns contre les autres, pour en estimer les degrés de perfection ou d’imperfection, le fort et le faible, le bien et le mal : elle va même au-delà des combinaisons finies, elle en fait une infinité d’infinies, c’est-à-dire une infinité de suites possibles de l’Univers, dont chacune contient une infinité de créatures ; et par ce moyen la sagesse divine distribue tous les possibles qu’elle avait déjà envisagés à part, en autant de systèmes universels, qu’elle compare encore entre eux : et le résultat de toutes ces comparaisons et réflexions est le choix du meilleur d’entre tous ces systèmes possibles, que la sagesse fait pour satisfaire pleinement à la bonté; ce qui est justement le plan de l’Univers actuel. Et toutes ces opérations de l’entendement divin, quoiqu’elles aient entre elles un ordre et une priorité de nature, se font toujours ensemble, sans qu’il y ait entre elles aucune priorité de temps. »
« Dieu pouvait sans doute faire un monde plus parfait que celui que nous habitons. Il pouvait, par exemple, faire en sorte que la pluie, qui sert à rendre la terre féconde, tombât plus régulièrement sur les terres labourées, que dans la mer, où elle n’est pas si nécessaire. Mais pour faire ce monde plus parfait, il aurait fallu qu’il eût changé la simplicité de ses voies, et qu’il eût multiplié les lois de la communication des mouvements, par lesquels notre monde subsiste ; et alors il n’y aurait plus eu entre l’action de Dieu et son ouvrage cette proportion qui est nécessaire pour déterminer un être infiniment sage à agir, ou du moins il n’y aurait point eu la même proportion entre l’action de Dieu et ce monde si parfait, qu’entre les lois de la nature et le monde que nous habitons. Car notre monde, quelque imparfait qu’on le veuille imaginer, est fondé sur des lois de mouvement si simples et si naturelles, qu’il est parfaitement digne de la sagesse infinie de son auteur. »