La souffrance des innocents contredit la "bonté" de Dieu
Résumé
Citations
« Pourquoi Dieu nous a-t-il créés si faibles, si lâches, si violents, si avides, si prétentieux, si lourds ? Pourquoi tant de salauds ou de médiocres, si peu de héros ou de saints ? Pourquoi tant d’égoïsme, d’envie, de haine, si peu de générosité et d’amour ? Banalité du mal, rareté du bien ! Il me semble qu’un Dieu aurait pu obtenir, même en nous laissant libres et imparfaits, une proportion plus favorable. »
« Il reste que le mal, même pour les plus optimistes, voyez Leibniz, est incontestable. Le bien l’est aussi ? Sans doute. Mais la nature suffit à expliquer l’un et l’autre, alors qu’un Dieu les rendrait tous les deux incompréhensibles, le premier par l’excès, le second par l’insuffisance. Il y a trop d’horreurs dans ce monde, trop de souffrances, trop d’injustices – et trop peu de bonheur – pour que l’idée qu’il ait été créé par un Dieu tout-puissant et infiniment bon me paraisse acceptable. »
« Épicure, comme d’habitude, va droit à l’essentiel, qu’il résumait, selon un témoignage de Lactance, en quatre hypothèses. Aucune n’est satisfaisante (c’est ce que j’appellerais volontiers le tétra lemme de la religion), et c’est en quoi l’hypothèse d’un Dieu créateur ne l’est pas non plus : « Ou bien Dieu veut éliminer le mal et ne le peut ; ou il le peut et ne le veut ; ou il ne le veut ni ne le peut ; ou il le veut et le peut. S’il le veut et ne le peut, il est impuissant, ce qui ne convient pas à Dieu ; s’il le peut et ne le veut, il est méchant, ce qui est étranger à Dieu. S’il ne le peut ni le veut, il est à la fois impuissant et méchant, il n’est donc pas Dieu. S’il le veut et le peut, ce qui convient seul à Dieu, d’où vient donc le mal, ou pourquoi Dieu ne le supprime-t-il pas ? »