Lénine a fait massacrer la famille impériale
Résumé
Citations
« L’acte le plus symbolique [de la terreur] fut le massacre de la famille impériale, y compris les enfants et les serviteurs, dans des conditions horribles dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918. Cette opération fut organisée par Lénine en personne, à l’insu même de la direction bolchevik. »
« Le 16 juillet 1918, l’assassinat de la famille impériale scelle dans le sang la volonté terroriste de Lénine, qui est l’organisateur secret et personnel de ce carnage. »
« Staline quant à lui a commencé à se faire une ligne de conduite fruste à son image : réduire les situations complexes à des bien-ou-bien simplistes, recourir au rapport de force voire au cynisme pour faire prévaloir son point de vue et à la limite se débarasser des problèmes en tuant ceux qui les posent -n'est-ce pas ce qu'on avait fait avec le tsar et sa famille ? »
« Et plusieurs indices indiquent que Lénine trouvait cet assassinat pertinent. Non seulement il craint une restauration monarchique, mais il montre un mépris haineux pour les Romanov […] Et il approuve par principe le régicide. Il avait, en 1908, refusé de condamner l'assassinat des rois du Portugal bien qu'il l'ait jugé uniquement capable d'effrayer la monarchie sans parvenir à l'anéantir. En 1918, il a la possibilité de pousser à son terme cet anéantissement en Russie et il voit cela comme un précédent légitimant les grandes révolutions "bourgeoises" en Angleterre et en France. En avril 1918, l'ancien empereur, sa femme et leurs enfants, quatre filles et un garçon hémophile ainsi qu'un certain nombre de proches et un mèdecin sont regroupés dans une maison à Ekaterinbourg dans l'Oural […] tous sont tués ainsi que trois domestiques- fusillés et achevés à coups de baionnettes dans la nuit du 16 au 17 juillet par des tchekistes dans une cave. Les bourreaux cherchent à faire disparaître les corps tandis qu'Ekaterinbourg est prise par la légion tchécoslovaque et ses alliés une semaine plus tard. »
« Lénine, pour sa part, tenta de faire croire à un meurte limité, celui de Nicolas II, pressentant que l'assassinat d'adolescents soulèverait l'horreur même dans un temps d'horreurs. Il faudra attendre 1919 pour que le pouvoir reconnaisse n'avoir épargné aucun membre de la famille impériale. Ces propos mensongers sur un assssinat froidement décidé correspondent bien à l'attitude de Lénine dès qu'il s'agit de terreur. La plupart de ses directives "tuez, fusillez, déportez", sont toujours données de manière secrète. »
« Lénine a toujours été moins virulent dans ses imprécations contre la monarchie que contre ses adversaires politiques, et nul au conseil des commissaires du peuple n'a planifié la disparition du dernier tsar. Mais tandis que la légion tchèque et slovaque, alors plus proche des Blancs que des Rouges, menace de reprendre Ekaterinbourg, il est évident qu'on ne peut laisser un tel symbole, même villipendé et démonétisé, à un adversaire qui s'organise. La fin brutale des Romanov correspond ainsi à des tendances lourdes et découle aussi de décisions prises dans la précipitation, un mélange détonnant très typique de la guerre civile et garant d'une violence extrême. Jusqu'au bout Nicolas a eu pour unique volonté qu'on ne sépare pas sa famille, réduite à ses membres et son entourage : le mèdecin Evgueni Botkine, la femme de chambre de l'impératrice : Anna Demidova, le valet de pied de Nicolas, Alexei Trupp et le cuisinier Ivan Kharitonov. »
« De sang-froid un groupe de bolcheviks sûrs abat sans pitié le tsar, les jeunes princesses, l'entourage. Personne n'en réchappe. Les corps sont emportés dans la nuit, jetés dans des trous profonds comblés à la chaux vive. A ce moment la nouvelle fait surtout l'objet de rumeurs (...) Mais l'information confirmée suscite finalement peu d'émotions dans le contexte de guerre civile et de lutte pour le retour au régime issu de Février. »
Références
- Marc Ferro, Nicolas II, Payot, Paris, 1990.
- Marc Ferro, La vérité sur la tragédie des Romanov, Tallandier, Paris, 2012.
- Marina Grey, Enquête sur le massacre des Romanov, Perrin, Paris, 1987.
- Joseph Lasies, La tragédie sibérienne, le drame d’Ekaterinbourg, la fin de l’amiral Koltchak, L’édition française, Paris, 1921..
- Michel Wartelle, L'affaire Romanov ou le mystère de la maison d'Ipatiev tome 1 ; tome 2 nouveaux documents inédits, Louise Courteau, Québec, 2008 et 2017.
- Elie Durel, L'autre fin des Romanov et le prince de l'ombre, Lanore, Paris, 2009.
- Essad Bey, Devant la révolution russe Nicolas II, Payot, Paris, 1935.
- Lénine, Oeuvres de Lénine : tomes 17, 28, 33, Éditions sociales, Paris.
- Anthony, Summers, Tom Mangold, Le dossier Romanov, Albin Michel, Paris, 1980 (1976).
- Olga Nicolaievna, Marie Stravlo, (ed), Estoy viva : las memorias inéditas de la última Romanov, éditions Martinez Roca, Madrid, 2012.