Beaucoup de délinquants sont des hommes jeunes des quartiers populaires, c'est un effet de la composition de ces quartiers que la police contrôle des racisés
Résumé
Citations
« Le quotidien américain Washington Post constate, dans un reportage paru dans son édition du mardi 29 avril, la surreprésentation des prisonniers mulsumans dans le système carcéral français, en particulier par rapport à ses voisins européens. Prenant comme exemple la maison d'arrêt de Sédequin, à Lille, et se basant sur des chiffres compilés par des responsables de la communauté musulmane, des sociologues et des chercheurs, l'article estime que "60 % à 70 %" des détenus en France sont musulmans alors qu'ils représentent "à peine 12 % de la population totale du pays". "Sur un continent où la présence des immigrés et de leurs enfants dans les systèmes carcéraux est généralement disproportionnée, les données françaises sont les plus flagrantes", note l'article. […] "Beaucoup d'immigrés arrivent en France dans une situation financière difficile, ce qui rend la délinquance plus fréquente. Le plus important est de souligner qu'il n'y a pas de corrélation entre islam et criminalité", précise Jeanne Sautière, qui s'occupe de l'intégration et des groupes religieux dans le système carcéral français, citée par le Washington Post. »
« Didier Fassin : La surreprésentation des minorités ethnoraciales dans les prisons est ce qu’on peut appeler un secret public, c’est-à-dire un fait que tout le monde connaît mais dont personne ne parle. Il n’existe du reste aucune donnée pour l’établir, puisque l’enregistrement des données ethnoraciales est prohibé. […] 10Au terme des quatre années qu’a duré mon enquête dans une maison d’arrêt, j’ai donc voulu mesurer la distribution ethnoraciale de l’incarcération en m’appuyant sur les données disponibles localement, à savoir le patronyme, la nationalité et la photographie. Le résultat est édifiant : 77 % des personnes détenues appartiennent à des minorités ethniques, se répartissant en 35 % d’hommes noirs, 32 % d’hommes arabes et 5 % de Roms, en se limitant aux minorités les plus représentées. Pour ce qui est des deux premiers groupes, 84 % d’entre eux étaient français. Dans la mesure où ces chiffres pouvaient correspondre à une situation très singulière de l’établissement dans lequel j’avais mené ma recherche, j’ai utilisé divers proxys pour en comparer la population avec la démographie carcérale en France. En termes de nationalité et plus spécifiquement d’origine maghrébine ou subsaharienne, les proportions sont très proches dans la maison d’arrêt où j’ai travaillé et au niveau national. Il est donc probable que les données que j’ai établies – avec plus de deux tiers d’hommes noirs et arabes dans la population carcérale – reflètent une situation générale. »