Un recul de la liberté d'expression
Résumé
Citations
« Je pense que l’on est sous un régime de censure. […] La censure, c’est maintenant les groupes de pression, les catholiques intégristes, les écologistes, les anti-écologistes, les gays, les anti-gays, les féministes, les anti-féministes, Alain Delon, EuroTunnel… […] Des gens instrumentalisent des lois de police qui avaient été conçues pour réguler les écrits dans un souci de bonne tenue de la société. […] On fait 14 000 procès par an dans la matière dans laquelle j’exerce et c’est à peu près 50 000 francs (environ 7 500 euros) à chaque fois. […] On me soumet des manuscrits, y compris de fiction. On me demande de les relire, de les caviarder, de les censurer pour qu’ils puissent vivre en librairie" »
« "Avant, seuls certains documents très chauds passaient entre nos mains. Aujourd’hui, on nous demande des relectures préventives, même pour le tiède et la fiction. Le Lolita de Nabokov, écrit par un jeune auteur inconnu, serait impossible à publier en l’état" 1, Maître Bigot, spécialisé dans la propriété littéraire. »
« Mais ce qui frappe le plus dans cette censure modernisée est l'appréciation du comportement des personnages. Ce n'est plus la débauche en tant que telle qui est jugée, ce n'est plus la connotation raciste des propos du littérateur qui est désignée à l'opprobre. Les personnages sont les vrais coupables. Si le héros est pédophile, serial killer ou néonazi, il doit faire acte de repentance au dernier chapitre. A défaut, il sera jugé et son créateur lui sera assimilé. Même de fiction, les personnages sont tenus de conserver dignité, morale et respect de la loi. Les temps sont rudes pour Barbe-Bleue, Dracula, les Rapetou ou Arsène Lupin. »