Quand il n'y a plus de monde commun, tout débat devient impossible
Résumé[ modifier ]
Citations[ modifier ]
« Le refus des évidences se fait toujours dans des communautés humaines (physiques ou virtuelles -via les réseaux sociaux) qui le partagent. À mesure que ces communautés se constituent, que ses membres se reconnaissent et échangent ensemble, elles s’isolent des autres (dans leur domaine de conviction ou de croyance), au point de ne plus pouvoir dialoguer, voire jusqu’à s’insulter, se haïr et s’entre-déchirer. »
« À coup d’algorithmes toujours plus performants, les plateformes numériques nous suggèrent ainsi des contenus appétissants, ludiques, captivants, qualifiés de « sucreries cognitives ». Sans nous en rendre compte, nous évoluons alors à travers les réseaux sociaux dans une bulle informationnelle construite sur-mesure grâce aux données récoltées préalablement. Les utilisateurs se retrouvent alors, malgré eux, enfermés dans une sphère d’informations et d’opinions isolées les unes des autres, confirmant et renforçant leurs croyances respectives, « développant ainsi l’illusion que leurs opinions sont répandues et légitimes, quand bien même celles-ci seraient marginales et très contestables dans la réalité ». »
« on croit que tout phénomène « qui en vaut la peine » nous sera signalé par les médias. On se croit informés, et on vit sur ce préjugé. Je propose ici une hypothèse très dérangeante, porteuse de lourdes conséquences : et si, dans cette masse de données inconnues, gisaient des informations de premier plan ? Les unes, importantes pour l’ensemble du monde, telles que des guerres oubliées : « En dehors du Yémen, de nombreux conflits sortent de nos écrans radar. La Colombie, par exemple, a connu 60 ans de guerre, une guerre ressemblant à la fois aux conflits du XIXe siècle, avec une lutte pour la terre, et à ceux du XXe siècle, liés au narcotrafic mondialisé. Huit millions de victimes ! »1. D’autres, importantes pour nous, parce qu’elles risqueraient bel et bien de renverser l'édifice de nos croyances, voire de bouleverser nos comportements... L’événement intellectuel ou politique qui fera date, sera-t-il toujours saisi par le système nerveux des grands médias pour être transmis à qui de droit ? Rien n’est moins sûr. Et les médias alternatifs, notamment les sites spécialisés sur lesquels on compte pour répercuter l’information qui nous touche, sauront-ils remplir leur rôle avec succès ? C'est passionnant de l'observer. Les divers milieux vivent dans des cellules informationnelles étanches, qui ne communiquent plus et restent ignorées du grand public. La fragmentation de l'information en milliers de sites fait que ce qui se dit dans une alvéole est longtemps ignoré ailleurs.
1 Jean-Pierre Denis, « Les guerres oubliées », La Vie, 22/01/2019, https://www.lavie.fr/actualite/geopolitique/les-guerres-oubliees-5975.php
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