Ludo Martens oublie de rapporter les centaines de milliers de fusillés sous la Grande Terreur
Résumé
Accessoirement Nicolas Werth en 1993 évoque assez rapidement de nouvelles statistiques des exécutions : 642.980 entre 1921 et 1954 dont environ un demi-million en 1937-1938. Ludo Martens occulte ce fait capital dans l'analyse des répressions staliniennes. Même si'il est incroyablement inférieur à d'autres sources occidentales ou soviétiques dissidentes qui les chiffraient par millions ou dizaines de millions, il est impossible d'y percevoir ici une intoxication pure et simple. Il sera corrigé par la suite à la hausse : 800.000 entre 1921 et 1953, dont
700.000 entre janvier 1935, moment de l'assassinat de Kirov, et 1941 sur la base de la prise en compte des condamnations pour "autres crimes particulièrement dangereux" : grand banditisme et espionnage militaire.Citations
« Sur le nombre de fusillés on dispose également de deux sources ; les chiffres cités sont proches mais ils recouvrent des catégories de victimes et de périodes différentes. La première est une note adressée le 14 février 1954 à N. Khrouchtchev et signée par le procureur général de l’URSS R. Roudenko, le ministre de l’Intérieur, S. Krouglov, et le ministre de la justice K. Gorchenin. Selon ce document entre le 1er janvier 1921 et le 1er février 1954, les collèges spéciaux et les troikas de l’OGPU, puis du N.K.V.D., le collège militaire de la Cour Suprême et les tribunaux militaires avaient condamné 3.777.380 personnes sous l’accusation d’activités contre-révolutionnaires. Sur ce nombre 642. 980 avaient été condamnées à la peine capitale ; les autres 3.100. 000 à des peines de camp ou à la déportation. On sait le flou qui entourait la notion d’activités contre-révolutionnaires. » Néanmoins ce document donne un ordre de grandeur : peut-être….On sait le flou qui entourait la notion d’ « activités contre-révolutionnaires ». Néanmoins ce document donne un ordre de grandeur : peut-être un demi-million d’exécutions pour les deux années les plus terribles de la répression ; tous les témoignages en effet confirment, en effet que les exécutions de « politiques » furent beaucoup plus rares au cours des autres années. Un second document –révélé aux seuls délégués du Plénum du Comité central qui se tint du 22 au 28 juin 1957 et qui condamna le « groupe antiparti » Molotov- Malenkov-Kaganovitch, et récemment exhumé – fait état de 681.692 (toutes "catégories "confondues, « droits communs » et « politiques ») en 1937-1938. »