La souffrance des uns permet à d'autres d'accomplir de bonnes actions
Résumé
Citations
« L’autre façon dont le mal naturel procure aux hommes leur liberté, c’est en rendant possibles certains types d’actions le concernant, entre lesquels les agents ont la possibilité de choisir. Le mal naturel accroît le domaine de la décision significative. Tel mal naturel particulier, comme la douleur physique, donne à celui qui souffre le choix : ou bien la supporter avec patience, ou bien se lamenter sur son sort. Un ami pourra décider soit de montrer de la compassion envers celui qui souffre, soit de rester insensible. La douleur rend possibles ces décisions, qui sinon n’auraient pas lieu d’être prises. Cela ne garantit pas que nos réactions à la douleur soient bonnes, mais en attendant, la douleur nous donne une occasion d’accomplir des actions bonnes. À leur tour, les actions bonnes ou mauvaises que nous accomplissons face au mal naturel vont permettre, en réaction, des prises de position qui, à leur tour, seront bonnes ou mauvaises. Si je me montre patient dans la souffrance, vous pouvez décider d’encourager ou de railler cette patiente ; si je me lamente sur mon sort, vous avez la possibilité de m’apprendre, en paroles ou en acte, combien la patience est une bonne chose. Si vous vous montrez compatissant, j’ai l’occasion de vous montrer ma gratitude pour votre compassion ; ou bien d’être tellement replié sur moi-même que je l’ignore. Si vous êtes insensible, j’ai la possibilité de décider ou bien d’ignorer cette attitude, ou bien de vous la reprocher jusqu’à la fin de vos jours. Et ainsi de suite. Je ne pense pas qu’on puisse mettre en doute que le mal naturel, comme la douleur physique, rende possibles ces différentes décisions. Les actions que le mal naturel rend possibles nous donnent l’occasion de faire de notre mieux et de coopérer avec notre entourage au niveau le plus profond. »
« Cependant, on pourrait suggérer que la production du mal moral pourrait fournir l’occasion adéquate pour ce genre de bonnes et grandes actions, sans qu’il soit nécessaire que la souffrance soit causée par des processus naturels. […] Mais imaginez simplement que, d’un seul coup, toute la souffrance psychique et physique entraînée par la maladie, les tremblements de terre, et les accidents humainement inévitables, tout cela soit éradiqué de nos sociétés. Plus de maladie, plus de douleur due à la mort prématurée d’un enfant. Nous serions nombreux à avoir une vie tellement facile que nous n’aurions tout bonnement plus beaucoup d’occasions de faire preuve de courage, ou de manifester quelque chose comme une grande bonté. Nous avons besoin de ces processus insidieux de désintégration et de dissolution, que l’argent et la compétence ne peuvent éloigner de nous longtemps, pour avoir l’occasion, qui serait sinon facile à éviter, de devenir des héros. »