La destalinisation sous Khrouchtchev fut aussi un retour à l'égalité des nationalités
Résumé
Citations
« L'héritage de Staline est sans nuances. Il a toujours cru à la pérennité des nations […] Ses successeurs ne peuvent poursuivre dans la voie qu'il a tracée. Ils pressentent l'épuisement de leur pays, la nécessité de chercher de nouvelles solutions, un monde extérieur changé auquel il faudrait s'adapter […] Tous […] pressentent que le calme qui règne à la périphérie non-russe n'est qu'apparent. »
« Staline avait, dès 1952, pressenti les changements survenus dans le monde, la stabilisation du capitalisme et la nécessité pour son pays de s'y adapter en passant à une politique de compétition pacifique. S'il n'avait pu, pour maintes raisons, accorder cette perception aux faits, Khrouchtchev, lui, entend le faire. Et il pressent que les lieux privilégiés de la percée soviétique peuvent être des zones voisines : l'Inde et le Moyen-Orient ; que cette perçée peut prendre pour alliés les mouvements nationaux qui partout se développent. Khrouchtchev rejoint ici le Lénine de 1916, qui dans le monde non-industriel, considérait que les forces nationales étaient les forces historiques à l'oeuvre. Mais comme Lénine jadis, Khrouchtchev sait qu'une politique, misant à l'extérieur sur les forces nationales, ne peut s'accomoder à l'intérieur de l'écrasement des nations sous peine de crises internes aux dimensions imprévisibles. Ces intuitions, le 20 ème congrès les élabore et les rend publiques. »
« L'U.R.S.S., qui annonce officiellement son soutien aux mouvements nationaux du Tiers monde, s'affirme comme modèle d'émancipation nationale à l'intérieur. Et Khrouchtchev dénonce tous les crimes commis par Staline à l'égard des nations : la liquidation des élites nationales ; un excès de centralisation ; la volonté russificatrice ; la réhabilitation du colonialisme et l'instauration de nouveaux rapports inégaux. En place de cette politique impériale, Khrouchtchev appelle les nations à reprendre leurs droits culturels, à s'épanouir dans leurs propres traditions. »
« Après la réhabilitation des peuples, de l'histoire et des cultures, vient une révision de la pratique du fédéralisme […] En février 1957, les compétences des républiques en matière d'organisation judiciaire et de législation sont considérablement accrues. Enfin des arrêtés du Conseil des Ministres de l'URSS du 29 août 1957 et du 22 juin 1959 augmentent les attributions du conseil des ministres des républiques fédérées. Ici encore Khrouchtchev marche dans les pas de Lénine. Pour que réformer ait un sens, il faut donner une place réelle aux cadres nationaux, donc en revenir à la politique d'indigénéisation pratiquée dans les années 20. A tous les échelons, dans tous les domaines, la fin des années 50 est marquée par l'accroissement du nombre de cadres indigènes et par un recul des représentants du pouvoir central. Plus encore, des représentants des élites nationales sont parfois associés à la politique extérieure de l'U.R.S.S. »