Lénine a construit un parti-État

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Débat parentCet argument est utilisé dans le débat Lénine est-il le précurseur de Staline ?.
Argument pourCet argument est une justification de Lénine est le concepteur d'un parti totalitaire.
Mots-clés : Léninisme, Révolution russe, URSS, Terreur, Bolchévisme, Totalitarisme, Politique, Parti[ modifier ].

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« Parallèlement émerge un phénomène inédit, caractéristique des totalitarismes : le parti-État. En s’emparant du pouvoir, Lénine est bien décidé à s’emparer de l’État, à la fois comme lieu du pouvoir, mais aussi comme appareil de ce pouvoir. Dès lors, ce parti est appelé à remplir simultanément les fonctions d’un État – censé répondre à l’intérêt général – et celles d’un parti – qui ne poursuit que son intérêt particulier, ce qui passe, entre autres, par la nomination de membres du parti à tous les postes dirigeants de l’État. Cette forme de pouvoir inédite prend le nom de Conseil des commissaires du peuple ou Sovnarkom dont Lénine est le président en même temps que le chef du parti. Très logiquement, il impose d’emblée le régime du parti unique – caractéristique des régimes totalitaires – et abolit la séparation des pouvoirs, s’emparant à la fois de l’exécutif, du législatif et du judiciaire. Or très vite, c’est contre cette abolition de la moindre part de pluralisme, y compris au sein du camp révolutionnaire, que vont s’élever plusieurs des principaux dirigeants bolcheviques, obligeant Lénine à dévoiler la vraie nature de son pouvoir : la dictature sur le parti. »

Stéphane Courtois, « Guerre et totalitarisme », Communisme et totalitarisme, Perrin, Paris, 2009.

« En conquérant le pouvoir le 7 novembre 1917, Lénine modifie, nolens volens, la nature du Parti bolchevique. En effet, il s’empare de l’État, à la fois comme lieu et appareil du pouvoir. Dès lors, le parti est appelé à remplir simultanément les fonctions d’un parti – qui ne poursuit que son intérêt particulier – et celles d’un État – censé répondre à l’intérêt général. Cela passe, en particulier, par la nomination de membres du parti à tous les postes dirigeants de l’État. Cette forme de pouvoir inédite est symbolisée par le Conseil des commissaires du peuple ou Sovnarkom dont Lénine est le président, en même temps qu’il est le chef du parti. Le parti extrémiste d’opposition devient un parti-État : parti unique aspirant à détenir les monopoles de la politique, de l’idéologie et de l’économie, et à se substituer tant à l’État qu’à la société. Aucun des successeurs et émules de Lénine – Staline, Khrouchtchev, Brejnev à partir de 1977, Andropov, mais aussi Mao, Castro, Kim II-sung, etc. – ne dérogera à ce principe cardinal, cumulant souvent les fonctions de secrétaire général du parti, de président de la république et de maréchal chef des armées. Dès la première constitution soviétique de 1919, jusqu’à celle de Brejnev en 1977, ce principe intangible est affirmé : « La force dirigeante, le guide de la société soviétique, le noyau de son système politique et de toutes les organisations sociales et étatiques est le PCUS ». »

Stéphane Courtois, « Du parti de révolutionnaires professionnels au parti-État totalitaire », Communisme et totalitarisme, Perrin, Paris, 2009.

« Cette mutation a trois conséquences. D’une part, le parti devient un appareil administratif qui génère une gigantesque bureaucratie avec à sa tête la nomenklatura. Dès 1920, le PCUS compte 600 0000 membres et plus d’un million en 1926. Ceux-ci troquent le statut de militant contre celui d’apparatchik, et abandonnent l’éthique du désintéressement pour celle de la nouvelle élite privilégiée et toute-puissante, mais qui doit obéissance absolue au parti. D’autre part, sous la pression des circonstances qui favorisent la pente totalitaire du léninisme, le parti devient monolithique dès mars 1921, quand Lénine y interdit les fractions et le dirige en autocrate, à travers un Politburo qui prend les décisions en lieu et place du Comité central. Enfin, devenu instance suprême monolithique, « LE PARTI » acquiert un caractère sacré, proclamé dès 1924 par Trotsky, lors de son XIII° congrès : « Aucun d’entre nous ne peut avoir raison contre son parti. En dernier ressort, le Parti a toujours raison. […] Qu’il ait tort ou raison, c’est mon Parti ». »

Stéphane Courtois, « Du parti de révolutionnaires professionnels au parti-État totalitaire », Communisme et totalitarisme, Perrin, Paris, 2009.

« En reprenant la terminologie classique de l’État – par exemple dans L’État et la révolution –, Lénine et ses héritiers ont masqué ce fait fondamental : dans les régimes communistes, l’État a perdu ses fonctions régaliennes et a été totalement asservi à un groupe privé, le parti communiste, qui vise à absorber en son sein tant la société que l’État. »

Stéphane Courtois, « Du parti de révolutionnaires professionnels au parti-État totalitaire », Communisme et totalitarisme, Perrin, Paris, 2009.

RéférencesRéférences

Arguments pourJustifications

Arguments contreObjections

  • Argument contreA Cuba, Fidel Castro resta pendant dix-sept à dix-huit ans seulement premier ministre (février 1959-décembre 1976)

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