Avoir l'occasion de souffrir rend possible un grand bien
Résumé
Citations
« Ajoutons une remarque cruciale : si je souffre en conséquence d’une mauvaise action que vous avez librement décidée, ce n’est pas forcément en pure perte pour moi. D’un certain côté, c’est bon pour moi. Le fait que je souffre serait en pure perte pour moi si la seule bonne chose dans la vie était le plaisir sensible, et la seule mauvaise chose la douleur sensible ; et c’est parce que l’époque contemporaine tend à penser en ces termes que le problème du mal apparaît si aigu. Si c’étaient là les seules choses bonnes ou mauvaises, la présence de la souffrance serait une objection concluante contre l’existence de Dieu. Mais nous avons déjà relevé quel grand bien c’était de décider librement et d’influencer notre avenir, celui de nos compagnons, et celui du monde. Et nous pouvons à présent relever un autre grand bien – le bien que notre vie puisse servir un but, et qu’elle puisse être utile à nous-mêmes et aux autres. Rappelez-vous les paroles du Christ, « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (que cite saint Paul dans les Actes, 20, 35). […] Avoir l’occasion de souffrir pour rendre possible un grand bien, c’est un privilège, même si ce privilège vous est imposé. Ceux qui ont l’occasion de souffrir pour leur pays et par là de sauver leurs pays de l’oppression ennemie sont privilégiés. Des cultures moins obsédées que la nôtre par le mal provoqué par la douleur purement physique l’ont toujours reconnu. Et elles ont reconnu que cela pourrait être une faveur, même quand celui qui meurt a été recruté d’office pour se battre. »