À la veille de l'insurrection d'Octobre, Lénine est entré en guerre contre le comité central du parti bolchévik
Résumé
Citations
« Un jour après avoir écrit sa lettre à Smilga [28 septembre], Lénine rédige déjà le document cité plus haut, La Crise est mûre, le terminant par une sorte de déclaration de guerre au Comité central. « Il faut… reconnaître la vérité : chez nous, dans le Comité central et dans les sommets du parti, il existe une tendance ou une opinion préconisant d’attendre le Congrès des soviets, s’opposant à la prise immédiate du pouvoir, à l’insurrection immédiate. » Cette tendance doit être surmontée coûte que coûte. « Remporter d’abord la victoire sur Kérensky, ensuite convoquer le Congrès. » Perdre du temps à attendre le Congrès des soviets, c’est « une complète idiotie ou une entière trahison… ». Jusqu’au Congrès, fixé pour le 20, il reste plus de vingt jours : « Les semaines et même les jours décident maintenant de tout. » Différer le dénouement, c’est renoncer lâchement à l’insurrection, car, pendant le Congrès, la prise du pouvoir deviendra impossible : « On amènera des Cosaques au jour “fixé” d’une façon nigaude pour l’insurrection. » Le seul ton de la lettre montre déjà combien semble à Lénine fatale la politique de temporisateurs des dirigeants de Petrograd. Mais il ne se borne pas, cette fois, à une critique acharnée et, à titre de protestation, il démissionne du Comité central. Motifs : le Comité central n’a pas répondu dès le début de la Conférence à ses sommations concernant la prise du pouvoir ; la rédaction de l’organe du parti (Staline) imprime ses articles avec des retards intentionnels, en y biffant certaines indications sur « des fautes des bolcheviks aussi criantes que celle tout à fait honteuse de participer au pré parlement », etc. Lénine n’estime pas possible de couvrir cette politique devant le parti. « Je suis obligé de demander à sortir du Comité central, ce que je fais, et de garder pour moi la liberté d’agitation à la base du parti et au Congrès du parti. » »
« Dans une autre résolution, également, rédigée par Lénine, il est dit avec une plus grande franchise : « Aux sommets du parti, on remarque des fluctuations, comme une crainte de lutter pour la prise du pouvoir, un penchant à substituer à cette lutte des résolutions, des protestations et des congrès. » C’est déjà dresser presque ouvertement le parti contre le Comité central. Lénine ne se résolvait pas à la légère à faire de tels pas. Mais il s’agissait du sort de la révolution et toutes autres considérations passaient à l’arrière-plan. »