Une baisse du PIB n'entraine pas forcément de détérioration du bien-être
Résumé
Citations
« Admettons qu'une baisse du niveau d'activité économique se produise, pourquoi cela poserait-il problème ? L'économie du bonheur nous enseigne aujourd'hui que l'augmentation de la production ne s'accompagne pas toujours d'une augmentation du bien-être des sociétés. En 1972, l'économiste américain Richard Easterlin mettait déjà ce paradoxe en lumière : de 1945 à 1970, malgré une croissance économique continue, le niveau de bien-être des sociétés les plus riches n'a pas augmenté. Pour Easterlin l'explication de ce paradoxe est simple : passé un certain seuil de revenu, toute augmentation du niveau de vie ne se traduit plus par une augmentation du bien-être. C'est pourquoi une société opulente n'est pas nécessairement plus heureuse qu'une société disposant d'un niveau de vie plus modeste. Quelques comparaisons internationales offrent une illustration particulièrement éclairante de ce phénomène. Ainsi, en Europe, l'indice de bien-être déclaré par les Italiens – 6,3 sur 10 – est comparable à celui des Slovènes ou des Hongrois qui disposent pourtant d'un PIB par tête deux fois moins élevé. Plus étonnant encore, les mêmes Italiens se déclarent moins heureux que les Polonais – 6,7 sur 10 – dont le PIB par tête est trois fois moins élevé ! Et il ne s'agit pas là d'une exception italienne. On constate en effet qu'avec 20 000 € de PIB par tête, les Chypriotes sont nettement plus heureux – 7,9 sur 10 – que les Français par exemple – 7,1 sur 10 – dont le PIB par tête est d'environ 30 000 €. On peut donc être plus heureux avec moins. Dans ces conditions, on peut se demander si une baisse d'activité se traduirait réellement par une baisse de bien-être. »