Un désir de mort que l'on voit à l'oeuvre par mille symptômes
Résumé
Fuite dans les jeux vidéos violents, la "zombification", la prise de neuroleptiques, la pornographie addictive et in fine le suicide (suicide 2ème cause de mortalité des jeunes français) Fascination pour l'ultraviolence : séries TV américaines avec scènes de tortures, viols, à comparer avec les vieilles séries comme Colombo, etc. Fascination pour la mort (culture gothique, satanisme), les serial-killers (littérature policière), l'horreur. Pour le psychanalyste D.R. Dufour, Sade est le grand précurseur du régime dans lequel vivent nos sociétés. En mettant au centre de ses préoccupations la jouissance au lieu de l'interdit, nos sociétés ont amorcé un basculement anthropologique, qui se retrouve dans la clinique : de plus en plus de patients présentent une typologie de trouble liés à la généralisation de la perversion – alors que le régime précédent était structuré autour de la névrose. Les sociétés occidentales sont-elles happées par des forces inconscientes qui s'apparenteraient à "l'instinct de mort" ? .
Le commandement "Jouis" fait une société sadienne (D.R. Dufour, "La Cité perverse")Citations
« Le danger était apparu à Platon dès l'apparition du monde occidental : la possible transformation de la démocratie en tyrannie. Si cette analyse reste plus que jamais d'actualité, c'est qu'une tyrannie d'un nouveau type s'est mise en place. […] Le libéralisme triomphant fait peser sur l'être-soi et sur l'être-ensemble une lourde menace : l'assomption d'un homme sadien affirmant son égoïsme et obéissant à un commandement suprême : "Jouis !" »
« Cette libération des passions a transformé toutes les économies où interagissent les hommes : marchande, politique, esthétique, symbolique, sémiotique, psychique, écologique. Ces économies sont aujourd'hui malades. Ce qui survient aujourd'hui dans l'économie psychique, la montée de la "perversion ordinaire", est un effet du redéploiement du capitalisme depuis 1929. […] Le lien social actuel se présente sous une forme inédite, égo-grégaire, caractérisée par une mise en troupeau de consommateurs sans cesse amenés vers des sources supposées de bonheur. C'est un troupeau organisé comme une chaîne sadienne de jouissance. Plus la satisfaction pulsionnelle est assurée, plus elle est, comme dans tous les mécanismes addictifs, frustrée et donc relancée. Il en résulte que l'aspiration sociale […] est structurée non plus par une recherche de la levée de l'oppression, mais par une demande de jouissance généralisée. Sitôt que cette dynamique est en défaut, la dépression survient. »