Staline a généralisé l'usage du mensonge

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Débat parentCet argument est utilisé dans le débat Lénine est-il le précurseur de Staline ?.
Mots-clés : Stalinisme, Mensonge[ modifier ].

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« Prenons dans un numéro récent d’un journal de Moscou la caractéristique stéréotypée du régime soviétique actuel, l’une de ces caractéristiques que l’on répète chaque jour et que les écoliers apprennent par cœur. "Les classes parasites des capitalistes, des propriétaires fonciers et des paysans riches sont à jamais liquidées en URSS où l’on a de la sorte mis fin pour toujours à l’exploitation de l’homme par l’homme. Toute l’économie nationale est devenue socialiste et le mouvement Stakhanov grandissant prépare les conditions du passage du socialisme au communisme." (Pravda, 4 avril 1936). La presse mondiale de l’Internationale communiste ne dit pas autre chose, comme de juste. Mais si l’on a mis fin "pour toujours" à l’exploitation, si le pays est réellement engagé dans la voie du communisme, c’est-à-dire dans la phase supérieure, il ne reste à la société qu’à jeter bas, enfin, la camisole de force de l’État. Au lieu de quoi – et c’est là un contraste à peine concevable ! – l’État soviétique prend un aspect bureaucratique et totalitaire. »

Léon Trotsky, La révolution trahie, 1936.

« On peut faire ressortir la même contradiction fatale en évoquant le sort du parti. La question se formule à peu près ainsi : pourquoi pouvait-on, en 1917-21, quand les anciennes classes dominantes résistaient encore les armes à la main, quand les impérialistes du monde entier les soutenaient effectivement, quand les koulaks armés sabotaient la défense et le ravitaillement du pays, discuter librement, sans crainte, dans le parti, de toutes les questions les plus graves de la politique ? Pourquoi ne peut-on pas maintenant, après la fin de l’intervention, la défaite des classes d’exploiteurs, les succès incontestables de l’industrialisation, la collectivisation de la grande majorité des paysans, admettre la moindre critique à l’adresse de dirigeants inamovibles ? Pourquoi tout bolchevik qui s’aviserait, conformément aux statuts du parti, de réclamer la convocation d’un congrès serait-il aussitôt exclu ? Tout citoyen qui émettrait tout haut des doutes sur l’infaillibilité de Staline serait aussitôt traité à peu près comme un comploteur terroriste. D’où vient cette terrible, cette monstrueuse, cette intolérable puissance de la répression et de l’appareil policier ? La théorie n’est pas une lettre de change que l’on puisse à tout moment faire acquitter. Si elle s’est trouvée en défaut, il convient de la réviser ou de combler ses lacunes. »

Léon Trotsky, La révolution trahie, 1936.

« Le président du conseil des commissaires du peuple déclarait en janvier 1936 à l’Exécutif : "L’économie nationale est devenue socialiste (applaudissements). Sous ce rapport, nous avons résolu le problème de la liquidation des classes (applaudissements)". Le passé nous laisse pourtant encore des "éléments foncièrement hostiles", débris des classes autrefois dominantes. On trouve en outre parmi les travailleurs des kolkhozes, les fonctionnaires de l’État, parfois même parmi les ouvriers, de "minuscules spéculateurs", des "dilapidateurs des biens de l’État et des kolkhozes", des "colporteurs de potins antisoviétiques", etc. De là la nécessité d’affermir encore la dictature. Contrairement à ce qu’attendait Engels, l’État ouvrier, au lieu de "s’assoupir" doit devenir de plus en plus vigilant. Le tableau peint par le chef de l’État soviétique serait au plus haut point rassurant s’il ne recelait une contradiction mortelle. Le socialisme s’est définitivement installé dans le pays : "sous ce rapport" les classes sont anéanties (si elles le sont sous ce rapport, elles le sont aussi sous tout autre). Sans doute l’harmonie sociale est-elle çà et là troublée par les scories et débris du passé. On ne peut tout de même pas penser que des gens dispersés, privés de pouvoir et de propriété, rêvant de la restauration du capitalisme, puissent avec de "minuscules spéculateurs" (ce ne sont pas même des spéculateurs tout court !) renverser la société sans classes. Tout est, semble-t-il, pour le mieux. Mais encore une fois, pourquoi dans ce cas la dictature d’airain de la bureaucratie ? »

Léon Trotsky, La révolution trahie, 1936.

« "Nous ne sommes pas des utopistes", répliquait Lénine en 1917 aux théoriciens bourgeois et réformistes de l’État bureaucratique, "nous ne contestons nullement la possibilité et l’inéluctabilité d’excès commis par des individus et aussi la nécessité de réprimer ces excès… Mais point n’est besoin à cette fin d’un appareil spécial de répression ; le peuple armé y suffira avec autant d’aisance et de facilité qu’une foule civilisée sépare des hommes en train de se battre ou ne laisse pas insulter une femme." Ces paroles paraissent avoir été destinées à réfuter les considérations de l’un des successeurs de Lénine à la tête de l’État. On étudie Lénine dans les écoles de l’URSS, mais visiblement pas au Conseil des commissaires du peuple. Ou bien la décision pour laquelle un Molotov emploie sans y réfléchir les arguments contre lesquels Lénine dirigeait son arme acérée ne s’expliquerait pas. Flagrante contradiction entre le fondateur et les épigones ! Alors que Lénine tenait pour possible, sans appareil bureaucratique, la liquidation des classes d’exploiteurs, Molotov, pour justifier après la liquidation des classes l’étouffement de toute initiative populaire par la machine bureaucratique, ne trouve rien de mieux que d’invoquer les "débris" des classes liquidées ! »

Léon Trotsky, La révolution trahie, 1936.

« Postychev, l’un des secrétaires du comité central, disait en avril 1936 au congrès des Jeunesses communistes : "De nombreux saboteurs se sont sincèrement repentis… et ont rejoint les rangs du peuple soviétique…" Vu le succès de la collectivisation, "les enfants des koulaks ne doivent pas payer pour leurs parents". Ce n’est pas tout ; "Le koulak lui-même ne croit sans doute plus aujourd’hui pouvoir recouvrer sa situation d’exploiteur au village." Ce n‘est pas sans raison que le gouvernement a commencé l’abolition des restrictions légales résultant des origines sociales ! Mais si les affirmations de Postychev, approuvées sans réserve par Molotov, ont un sens, ce ne peut être que celui-ci : la bureaucratie est devenue un monstrueux anachronisme et la contrainte étatique n’a plus d’objet sur la terre des soviets. Ni Molotov ni Postychev n’admettent cependant cette conclusion rigoureusement logique. Ils préfèrent garder le pouvoir, fût-ce en se contredisant. En réalité, ils ne peuvent pas y renoncer. En termes objectifs : la société soviétique actuelle ne peut pas se passer de l’État, et même – dans une certaine mesure – de la bureaucratie. »

Léon Trotsky, La révolution trahie, 1936.

RéférencesRéférences

Arguments pourJustifications

  • Argument pourLa réalisation du socialisme en URSS selon Staline est un mensonge contraire à la réalité
  • Argument pourLa bureaucratie stalinienne n'a eu de cesse de déformer les faits et réécrire l'histoire
  • Argument pourAu contraire du stalinisme, la tradition marxiste repose sur la vérification et la correction des analyses à la lueur des faits

Arguments contreObjections

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