Staline a fait détruire l'Union des marins de Suède

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Mots-clés : stalinisme, destruction, syndicat, soumission, bureaucratie, URSS[ modifier ].

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« Ma nouvelle mission comportait des aspects stratégiques que Jensen et Ulrich s’efforcèrent de m’expliquer aussi clairement que possible. L’un d’eux impliquait, de façon très ingénieuse, la destruction de l’Union des marins suédois. Le pacte qu’avaient signé cette Union, d’une part, et l’Association des armateurs, de l’autre, comprenait une clause spécifiant que les marins devaient obligatoirement donner sept jours de préavis avant de quitter leur bateau. Parmi les tâches qui m’avaient été confiées, l’une consistait à persuader les équipages d’ignorer cette clause légale, et d’abandonner leurs bateaux dès qu’ils toucheraient leurs ports suédois. Le Komintern espérait – et ses espoirs devinrent bientôt réalité – qu’une telle mesure aurait pour résultat de provoquer des attaques en justice contre l’Union des marins, pour violation de contrat, menant ainsi ce syndicat à la faillite totale. »

Jan Valtin, Sans patrie ni frontières, Paris, 1947.

« Une importante grève maritime venait d’éclater en Suède ; la plus importante dans l’histoire de la lutte des classes de ce pays. La grève était menée par l’Union des marins, sous le contrôle des socialistes. Ses chefs s’efforçaient de maintenir le conflit dans les limites d’une divergence salariale entre marins et armateurs. Le Komintern, expliqua Ulrich, n’était pas satisfait de cette mesure. "Nous devons transformer cette grève en une révolte, dit-il. Nous devons lui donner le caractère d’un conflit politique violent. Il nous appartient de créer un climat propice à des heurts violents entre ouvriers et gouvernement. Le prolétariat suédois doit apprendre qu’il ne suffit pas de combattre une réduction de salaire, mais que seule la puissance soviétique peut le sauver à tout jamais d’une détresse chronique. Ceci est important. Souviens-toi que la Suède n’est qu’à deux pas des portes de l’Union soviétique.” »

Jan Valtin, Sans patrie ni frontières, Paris, 1947.

« Je parvins à détruire de fond en comble l’Union des marins de Suède, qui avait été jusque-là la mieux organisée d’Europe. Des équipes spéciales d’hommes bien entraînés s’emparaient des bateaux venant de l’étranger et obligeaient l’équipage à descendre immédiatement à terre, sans se soucier du préavis de sept jours imposé par leur syndicat. Les armateurs réagissaient en attaquant l’Union et exigeaient la saisie de sa trésorerie. Les chefs de celle-ci essayèrent désespérément de remédier à cet état de choses, ce qui me donna l’occasion de les accuser ouvertement, au moyen de tracts imprimés sur papier rouge sang, d’être des valets à la solde des armateurs. Je déléguai les meilleurs camarades que j’avais sous la main à Stockholm, à Lulea, à Karlskrona, à Malmö et à Helsingborg. Dans tous les ports furent créés, sous contrôle communiste, des comités de grève qui se démenèrent si bien qu’ils remplacèrent bientôt les représentants désignés par le syndicat pour diriger la grève. Toutes les réunions officielles que tenaient ces derniers étaient désorganisées par les brigades de choc communistes. À Göteborg et à Malmö, les grévistes se débarrassèrent des anciens chefs syndicaux. À Stockholm, ceux-ci furent mis à la porte sous prétexte d’avoir violé leurs propres règlements. Peu à peu, l’Union disparaissait. Dans une lettre d’instructions officielles, Ulrich me glissa, en conclusion, la phrase suivante : Das hast du gut gemacht. Ça, c’est du beau travail, camarade. »

Jan Valtin, Sans patrie ni frontières, Paris, 1947.

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