Staline a excellé dans l'art des manoeuvres en coulisses et de la supercherie sous couvert de démocratie prolétarienne

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Débat parentCet argument est utilisé dans le débat Lénine est-il le précurseur de Staline ?.
Mots-clés : stalinisme, supercherie, manoeuvres, secret, congrès[ modifier ].

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« La grève suédoise prit une telle ampleur qu’elle fut bientôt considérée par les communistes comme un succès sans précédent. Pour la première fois de ma vie, je devins le véritable dictateur d’un violent mouvement de masse. Non seulement les instructions que je donnais au cours des réunions secrètes des comités centraux de grève étaient acceptées, mais elles étaient considérées comme des décrets sans appel. Les communistes, travaillant en groupes disciplinés dans les comités de grève, transformaient mes ordres en des "décisions à la majorité". Cette méthode, empruntée aux Soviets, était baptisée "démocratie prolétarienne". Elle fut aussi adoptée avec bonheur aux conférences du syndicat et dans les importantes réunions publiques que l’on organisait pour amener le peuple à soutenir la cause des grévistes. »

Jan Valtin, Sans patrie ni frontières, Paris, 1947.

« Selon les apparences, les délégués [du premier Congrès international à la fin de mai 1932] devaient délibérer dans la plus complète égalité, sans préjugé de race, de couleur ou de croyance politique. En réalité, le Congrès avait été réuni et financé par le Kremlin, d’un bout à l’autre ; même les frais de voyage des délégués des plus lointains pays étaient couverts par notre caisse. Les délégués […] étaient dirigés sur les comités de réception communistes, qui leur fournissaient des logements, de la nourriture, de l’argent et des distractions. Un membre du service de contre-espionnage était attaché à chaque délégation en tant que guide et interprète, en réalité comme espion, pour déceler d’éventuels sentiments antistaliniens parmi les visiteurs étrangers. Les délégués représentaient, au total, environ un million de marins, de débardeurs et de bateliers. Une minorité seulement était communiste. Cependant, la majorité des éléments non communistes se trouvait irrémédiablement à la merci de la fraction communiste, qui ne dévoilait jamais son existence aux autres, opérait secrètement, avec une discipline et un ensemble remarquables, pour dominer la procédure prétendument démocratique de l’assemblée. Toutes les résolutions, tous les discours et les programmes, s’apprenaient d’avance dans nos quartiers généraux communistes. Tous les principaux orateurs étaient des communistes sous des camouflages variés et toutes les paroles qu’ils devaient prononcer leur avaient été dictées avant qu’ils eussent pu ouvrir la bouche. »

Jan Valtin, Sans patrie ni frontières, Paris, 1947.

« Dans les premiers jours de juin [1933], je fus envoyé à Paris pour prendre part au Congrès mondial contre le fascisme, en tant que délégué des travailleurs hambourgeois et représentant de l’Internationale des marins. […] L’un de mes principaux devoirs fut d’organiser la surveillance de tous les dockers, ouvriers des ports, pêcheurs et bateliers qui se trouvaient au nombre des délégués étrangers. […] Mon chef, Ulrich, y vint de Copenhague par la voie des airs, en compagnie de Richard Jensen et de l’état-major complet de ses lieutenants. Mais la majorité des délégués n’étaient pas communistes. Des ouvriers et des intellectuels, des professeurs, des écrivains et des employés appartenant au camp des libéraux vinrent par groupes, désireux de prêter leur concours au mouvement qui se dessinait contre Hitler dans le monde entier. Rares étaient parmi ces pèlerins sans idées pré-conçues ceux qui semblaient se douter que la puissance qui avait organisé et financé le Congrès mondial, écrit à l’avance toutes ses résolutions et pris par anticipation toutes les décisions susceptibles d’intervenir à cette occasion, n’était autre que le Komintern. Les centaines d’interprètes, de dactylos, de sténos, de guides et de messagers qui évoluaient autour d’eux, étaient tous membres du parti communiste. Les assises du Congrès se tinrent à la salle Pleyel, la célèbre salle de concerts voisine de l’Étoile et de l’Arc de Triomphe. Aux yeux d’un public non initié, ce devait être l’une des plus grandes rencontres internationales que le monde eût jamais vues. Mais le vrai travail se fit, une fois de plus, exclusivement dans la coulisse. Le Congrès élut un Comité mondial contre la guerre et le fascisme et adopta unanimement la proposition communiste selon laquelle des ligues analogues devaient être mises sur pied dans toutes les démocraties de l’univers. »

Jan Valtin, Sans patrie ni frontières, Paris, 1947.

« Au congrès suivant, Edo Fimmen prit l’avion pour Copenhague afin de sauver son Union. Il fit un discours de trois heures en allemand, mais Richard Jensen acheta le traducteur attitré de Fimmen, et l’homme tomba subitement malade. Comme par enchantement, aucun autre traducteur ne se trouva disponible. Le Hollandais retourna à Amsterdam battu. L’Union des pompiers, avec ses millions et ses immeubles à Copenhague, devint propriété virtuelle du Komintern avec Jensen à sa tête. Il y trônait sans col et mal rasé, mais plus puissant que le roi de Danemark. »

Jan Valtin, Sans patrie ni frontières, Paris, 1947.

RéférencesRéférences

Arguments pourJustifications

  • Argument pourSupercherie lors de congrès

Arguments contreObjections

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