Pour contrer l'ennemi, il faut le connaître
Résumé
Citations
« La théorie du complot est venue dans un second temps. Le jour où un élève lui assure que le 11 Septembre
a été organisé par les services secrets ou les juifs:Je ne m’y attendais pas du tout. C’était très construit, il avait réponse à tout.C’est là qu’elle s'est mise à travailler sur le conspirationnisme. »
« Une crise de confiance qui touche aussi les institutions politiques, éducatives, républicaines. « Il y a une sorte de défiance installée chez les élèves, envers toute parole officielle », ajoute Karen Prevost-Sorbe. Ce que confirme Claire Le Ninan, documentaliste au lycée Jacques-Decour, dans le 9e arrondissement de Paris : « Beaucoup de remarques conspirationnistes des élèves sont difficiles à déconstruire car, pour eux, journalistes et professeurs font partie du système. » Jean-Baptiste Dubert partage ce désarroi. Professeur de SVT dans le même lycée, il a été confronté à une remise en question de ses élèves alors qu'il faisait un cours sur la vaccination. Il se sent « désarmé » face aux théories douteuses que les élèves « entendent pendant les récréations et en dehors de l'école ». Quel poids peut bien avoir notre parole, seule ? » s'interroge, un peu désespérée, Hélène, la professeure de français.
Désarmés
Aujourd'hui enseignante au lycée, elle assure que certains sujets déclenchent « systématiquement » la méfiance : la presse, Charlie Hebdo, la religion… « La plupart d'entre nous n'osent tout simplement pas s'attaquer à de tels sujets sans avoir les armes pour mener un débat constructif. On marche sur des œufs ! » nous confie-t-elle. Parfois, les enseignants eux-mêmes sont confrontés à des théories dont ils ignorent tout : « La semaine dernière, ma collègue d'histoire-géographie a été interrogée dans une discussion sur les Illuminati : le problème, c'est qu'on ne connaît même pas ces sujets ! » »