Les systèmes de modération ne font que déplacer les contenus ailleurs
Résumé
Citations
« Alors que les espaces d’expression décentralisées sur les réseaux sociaux se sont multipliés, le « certain nombre de censures » que le philosophe appelle de ses vœux comme un hygiène du débat public apparaît dans les faits difficilement praticable. La création de safe spaces entre personnes raisonnables (à l’instar de réserves naturelles destinées à préserver certaines espèces menacées de disparitions) ne constitue en rien une prophylaxie contre les discours extrêmes – comme l’impuissance du juge français à faire fermer des sites web hébergés sur des serveurs situés à l’étranger le démontre à chaque fois, comme par un fait exprès. Cette volonté de contrôler la discussion en choisissant avec soin qui aura le droit à la parole apparaît comme un reliquat des époques précédentes où la « conspiration du silence » pouvait encore se nouer entre une chaîne de télé, une station de radio et cinq quotidiens nationaux. Alors que certaines vidéos sur les réseaux sociaux dépassent en audience certaines émissions de télévision nationales, les excommunications du Boulevard Saint-Germain, la « cancel culture » des universitaires et même les décisions des juges français sans le coup de ciseau des GAFAM apparaissent comme autant d’imprécations absentes d’effets réels sur la circulation réelle des idées (combien d’année Alain Soral aura-t-il librement parlé sur YouTube depuis son expulsion des plateaux de télévision ? Combien d’années s’exprimera-t-il encore sur VK ?). La florescence de nouvelles plateformes (Telegram, Discord, Parler, Gab…) où droite extrême et militants de tout poil se réfugient pour s’éviter la censure apparaissent déjà préparer le coup d’après – lorsque ceux-ci auront été définitivement bannis de Twitter et de Facebook. »