Les syndicats cherchent à contrôler et si besoin freiner les luttes
Résumé
Citations
« Dans les périodes de luttes de classes aiguës, les appareils dirigeants des syndicats s’efforcent de se rendre maîtres du mouvement des masses pour le neutraliser. Cela se produit déjà lors de simples grèves, surtout lors des grèves de masse avec occupation des usines, qui ébranlent les principes de la propriété bourgeoise. En temps de guerre ou de révolution, quand la situation de la bourgeoisie devient particulièrement difficile, les dirigeants syndicaux deviennent ordinairement des ministres bourgeois. »
« Si, en France ou aux États-Unis, les appareils syndicaux ont pu sauver leur existence, contrairement à l’Allemagne, c’est en devenant des interlocuteurs privilégiés du gouvernement. C’est ce que constatait Trotsky en août 1940 : « Il y a un aspect commun […] dans la dégénérescence des organisations syndicales modernes dans le monde entier : c’est leur rapprochement et leur fusion avec le pouvoir d’État ». La crise enlevait toute marge de manœuvre aux bureaucraties syndicales. Face à la puissance des grands groupes capitalistes, elles ne pouvaient conserver leur rôle d’intermédiaires entre patronat et travailleurs qu’en devenant des appendices des États pour subordonner et canaliser les luttes des travailleurs. »
« Un des passages préférés de mon livre préféré sur le Front populaire est celui où Danos et Gibelin racontent dans Juin 36 la première rencontre entre patronat et syndicat à Matignon sous l’arbitrage de Léon Blum. Le patronat commence par faire un tableau apocalyptique de la situation quasi insurrectionnelle dans laquelle est en train de basculer le pays. La CGT en profite pour lui faire la leçon, lui disant en substance : si vous n’aviez pas passé votre temps à chasser nos militants de vos usines, peut-être que nous n’en serions pas là… Et les patrons (paraît-il) de baisser la tête… »