Les intellectuels sont vendus à la bourgeoisie

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Mots-clés : Révolution, Intellectuels, Bourgeoisie[ modifier ].

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« Les travailleurs intellectuels se considèrent toujours comme faisant partie de la bourgeoisie, à peu près comme le domestique se considère comme appartenant à la famille qu’il sert. Ils ont cessé d’être les guides intellectuels de la bourgeoisie, ils en sont devenus les spadassins. La chasse aux places sévit chez eux d’une manière intense : ce qu’ils cherchent avant tout, ce n’est pas développer leurs talents, mais d’en battre monnaie. La prostitution de leur moi forme leur principal moyen de se pousser. Comme les petits industriels ils se laissent éblouir par quelques rares numéros qui sont sortis à la loterie ; ils ne voient pas le nombre infini de billets blancs qui leur passent sous les yeux, ils se vendent corps et âme, dans l’espérance de gagner le gros lot. Vendre ses propres convictions, faire un mariage d’argent, voilà aux yeux de la majorité de nos intellectuels, deux moyens aussi compréhensibles qu’indispensable de « faire son bonheur ». Voilà ce que le mode de production capitaliste a fait des idéalistes, des chercheurs, des penseurs, des rêveurs ! »

Karl Kautsky, Le programme socialiste, 1892.

« On était en droit de supposer que leur instruction aurait du leur donner l'intelligence des problèmes sociaux et c'est précisément cette instruction qui leur obstrue l'entendement et c'est elle qui les éloigne du socialisme. Ils croient que l'instruction leur confère un privilège social, qu'elle leur permettra de se tirer d'affaire individuellement, chacun faisant tout seul son chemin dans la vie, en bousculant les voisins et en montant sur les épaules de tout le monde. Ils s'imaginent que leur misère est passagère et qu'il ne faut qu'un brin de chance pour les métamorphoser en capitalistes. L'instruction est le bon numéro de la loterie sociale, il leur fera gagner le gros lot. Ils ne s'aperçoivent pas que ce billet, donné par la classe capitaliste, est pipé, que le travail manuel ou intellectuel n'a chance que de gagner sa pitance quotidienne, qu'il n'a à espérer que d'être exploité et que plus le capitalisme ira se développant et plus les chances d'émancipation individuelle iront diminuant. Et pendant qu'ils bâtissent des châteaux en Espagne, le capital les broie, comme il a broyé les petits commerçants et les petits industriels, qui eux aussi pensaient qu'avec le crédit gratuit et un peu de bonheur ils pourraient devenir de bons bourgeois, dont le nom serait inscrit sur le Grand Livre de la Dette publique. Les intellectuels, pour ce qui regarde la compréhension du mouvement social ne s'élèvent pas au-dessus du niveau intellectuel de ces petits bourgeois, que raillaient si férocement les rapins de 1830, qui, ruinés et précipités dans le prolétariat, n'en continuaient pas moins d'abominer le socialisme ; tellement leurs têtes étaient perverties par la religion de la propriété ! Les intellectuels, dont la cervelle est farcie de tous les préjugés de la classe bourgeoise, sont inférieurs à ces petits bourgeois de 1830 et 1848 qui savaient faire parler la poudre ; ils n'ont pas leur esprit de combativité, ils sont de vrais imbéciles, en restituant à ce mot son sens original latin, impropre à la guerre. Ils supportent sans se rebiffer les rebuffades et les injustices et ne songent pas à s'unir, à se syndiquer pour défendre leurs intérêts et livrer bataille économique contre le capital. »

RéférencesRéférences

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