Le wokisme est une avancée indéniable, mais il doit surmonter certaines erreurs et s'élargir

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« Koechlin propose ainsi une « critique interne » de certaines pratiques se réclamant de l’intersectionnalité, avec un point de vue situé qui n’identifie pas certaines dérives avec une théorie monolithique qu’elle répudierait en bloc. « Il ne s’agit pas de faire le procès de l’intersectionnalité militante, mais d’interroger une certaine compréhension militante de l’intersectionnalité. » Il faut donc distinguer ce genre de critiques internes, formulées par des personnes se situant dans une certaine tradition militante, et faisant un retour réflexif sur celle-ci pour mieux mettre en relief ses angles morts, des « critiques externes » beaucoup plus grossières et basées sur une vision du monde complètement différente, qui rejetterait d’emblée tout élément se rapprochant de près ou de loin de cette « idéologie ». Le principal problème de la « stratégie intersectionnelle », que nous qualifions pour notre part de « gauche identitaire », vient d’une certaine conception rigide des catégories sociales et des privilèges épistémiques qui découlent de celles-ci. Pour le dire autrement, le problème ne vient pas de notions comme « oppressions », « positionnalité », « expérience vécue » et d’autres éléments visant à valoriser la perspective des personnes concernées, mais d’une compréhension morale, individualisante et essentialisante de ces catégories. Nous citerons ici longuement la description des pratiques d’essentialisation qui découlent d’une application mécanique de l’analyse intersectionnelle. »

Jonathan Durand-Folco, « Au-delà des wokes : critique de la gauche identitaire », Nouveaux cahiers du socialisme, 4/04/2021.

« Cela signifie donc que la principale cause des dérives présentées ici ne renvoie pas à une grande théorie « postmoderne », « postcoloniale » et/ou « intersectionnelle » qui serait responsable de tous les problèmes de la « gauche woke ». Le problème vient plutôt d’une compréhension rigide des rapports sociaux de domination, d’une analyse dogmatique de la positionnalité et de ses privilèges épistémiques, et d’une certaine course à la radicalité qui mène certains groupes à s’enfermer, malgré eux, dans le sectarisme. De plus, en mobilisant les analyses de la militante juive et lesbienne Sarah Schulman, nous montrerons que le fameux phénomène de la « cancel culture » trouve ses racines dans des mécanismes psychosociologiques par lesquels le « conflit » est systématiquement évalué en termes d’« agression », le terme « violence » étant interprété de façon vague en évacuant toute forme de nuance, cette dynamique entraînant une escalade des hostilités, des dénonciations unilatérales, des logiques d’affrontement, d’exclusion et de bannissement au sein des milieux militants, qui ne permettent pas la résolution de problèmes, mais contribuent plutôt à envenimer nos relations humaines. Ainsi, nous proposons de distinguer soigneusement les mécanismes psychiques responsables de la cancel culture (aux effets délétères et contre-productifs), d’une analyse fine et complexe des relations de domination susceptible de nourrir les solidarités et de renforcer les luttes pour l’émancipation. La question n’est donc pas de choisir entre redistribution et reconnaissance, entre gauche universaliste et gauche identitaire, mais de dépasser cet antagonisme par une théorie critique synthétique et des pratiques militantes génératrices d’entraide, de soutien et de renforcement du pouvoir d’agir collectif. »

Jonathan Durand-Folco, « Au-delà des wokes : critique de la gauche identitaire », Nouveaux cahiers du socialisme, 4/04/2021.

RéférencesRéférences

Arguments pourJustifications

Arguments contreObjections