Le travail intellectuel s'est prolétarisé
Résumé
Citations
« L’accélération de l’innovation technologique implique une intégration à grande échelle du travail intellectuel au processus de production. Tandis que, dans les phases précédentes du capitalisme, le travail intellectuel était limité dans une grande mesure à la sphère de la superstructure sociale, il est aujourd’hui de plus en plus orienté vers l’infrastructure de la société. Cette réintégration du travail intellectuel au processus de production ne revêt pas seulement la forme d’un accroissement constant d’ingénieurs chimistes, de physiciens, d’économistes, de sociologues, de médecins, d’administrateurs, tous de formation universitaire, et employés par les grandes entreprises capitalistes. Les activités de tous ces universitaires se trouvent liées, certaines plus que d’autres, au processus de production proprement dit. »
« Toutes ces techniques d’intégration [du travail intellectuel à la sphère de la production] ne peuvent être appliquées qu’à condition de transformer, toujours plus, les intellectuels en travailleurs salariés ; c’est-à-dire à condition d’étendre de façon prodigieuse l’éventail du salariat et d’accroître considérablement la masse et la qualification du prolétariat. La tendance à l’élargissement constant du travail intellectuel qualifié, tant dans le domaine de la production que dans celui de la reproduction et de la superstructure — tendance caractéristique du néo-capitalisme — est aussi la tendance à la prolétarisation croissante du travail intellectuel. Le néo-capitalisme est la phase de développement du capitalisme dans laquelle le système salarié commence à se niveler également en dehors de la sphère de production elle-même. Loin d’être une société post-industrielle, le néo-capitalisme signifie l’industrialisation toujours plus achevée de toutes les activités humaines. »