Le déterminisme économique de Marx n'est pas mécanique mais dialectique
Résumé
Citations
« Tout ce que les « critiques » de Marx ont dit jusqu’à présent au sujet de la prétendue partialité du marxisme et de sa prétendue indifférence vis-à-vis de tous les « facteurs » du développement social, sauf ceux liés à l’économie, a été motivé par un manque de compréhension du rôle assigné par Marx et Engels à l’ interaction entre « base » et « superstructure ». Pour se rendre compte, par exemple, que Marx et Engels ont peu ignoré l’importance du facteur politique, il suffit de lire les pages du Manifeste du Parti communiste qui font référence au mouvement de libération de la bourgeoisie. Là on nous dit : « Classe opprimée par le despotisme féodal, association armée s’administrant elle-même dans la commune, ici, république urbaine indépendante ; là, tiers état taillable et corvéable de la monarchie, puis, durant la période manufacturière, contrepoids de la noblesse dans la monarchie féodale ou absolue, pierre angulaire des grandes monarchies, la bourgeoisie, depuis l’établissement de la grande industrie et du marché mondial, s’est finalement emparée de la souveraineté politique exclusive dans l’État représentatif moderne. Le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière. » L’importance du « facteur » politique est si clairement révélée ici que certains « critiques » le considèrent même trop indûment souligné. Mais l’origine et la force de ce « facteur », ainsi que son mode de fonctionnement à chaque période du développement de la bourgeoisie, sont eux-mêmes expliqués dans le Manifeste par l’évolution du développement économique, à la suite de quoi ce facteur ne perturbe en aucun cas l’unité de la cause fondamentale. »
« Les relations politiques influencent indubitablement le mouvement économique, mais il est également indiscutable qu’avant d’influencer ce mouvement, elles sont créées par ce mouvement. Il en va de même de la mentalité de l’homme en tant qu’être social, de ce que Stammler a appelé de façon un peu unilatérale des concepts sociaux. Le Manifeste fournit une preuve convaincante que ses auteurs étaient bien conscients de l’importance du « facteur » idéologique. Cependant, dans le même manifeste, nous voyons que, même si le « facteur » idéologique joue un rôle important dans le développement de la société, il est lui-même créé auparavant par ce développement. « Lorsque le monde antique était dans ses dernières affres, le christianisme a vaincu les religions anciennes. Lorsque les idées chrétiennes ont cédé au dix-huitième siècle aux idées rationalistes, la société féodale a mené sa bataille à mort contre la bourgeoisie alors révolutionnaire. » À cet égard, le dernier chapitre du Manifeste est encore plus convaincant. Ses auteurs nous disent que les communistes ne cessent jamais d’instaurer dans l’esprit des travailleurs la reconnaissance la plus claire possible de l’antagonisme hostile entre les intérêts de la bourgeoisie et du prolétariat. Il est facile de comprendre que celui qui n’accorde aucune importance au « facteur » idéologique n’a aucune raison logique d’essayer d’instaurer une telle reconnaissance dans l’esprit d’un groupe social quelconque. »