Le Manifeste des Biens communs s'oppose aux propriétaires privés comme étatiques
Résumé
Citations
« En 2011, a été écrit un Manifeste pour les biens communs [21]. Selon ce Manifeste, les biens communs seraient une nouvelle catégorie « non seulement utile, mais indispensable pour comprendre et pour promouvoir de nouveaux processus » [22].
Comme expliqué par le manifeste, la critique conduite par cette théorie s’adresse au même titre au privé et au public, car « tant la moderne société anonyme que l’État moderne, l’État souverain, sont amenés à se comporter par rapport aux biens communs comme l’invité gourmand au buffet : tous les deux visent à l’acquisition maximale de ressources aux dépens des autres » [23].
Ce qui signifie que « les ennemis des biens communs sont tant l’État que la corporation » [24]. Ces ennemis – poursuit le Manifeste – « sont au même titre et au même temps l’État (le public) et le marché (le privé) ». Le point critique de cette doctrine est donc « représenté par le pouvoir global dominant : ce qui signifie l’étroite alliance entre propriété privée, qui légitime et permet les comportements les plus brutaux de la société moderne anonyme, et la souveraineté étatique, qui collabore sans cesse avec les corporations pour créer toujours des nouvelles occasions de marchandisation et de privations des biens communs » [25].
Il y a donc dans cette théorie une attaque très explicite de l’État moderne accusé de se comporter comme le pire propriétaire, le pire spéculateur [26]. Cette idée se fonde sur la considération que la propriété privée et la souveraineté ont la même fonction, c’est-à-dire celle de garantir l’exclusion et la décision arbitraire du propriétaire-souverain.
Par conséquent, propriété et souveraineté sont des alliés « naturels » contre le commun, comme il est démontré par l’époque des enclosures [27].
En conclusion, d’après ces auteurs, les biens communs seraient une nouvelle typologie de droits fondamentaux qui n’aurait aucune connexion ni avec le paradigme propriétaire et individualiste ni avec le paradigme autoritaire de l’État [28]. »