La notion de bonapartisme n'est pas plus large que bien des notions politiques utiles
Résumé
Citations
« Certains critiques nous font grief de faire du terme de bonapartisme un emploi trop large et trop divers. Ces critiques ne remarquent pas qu’il en est de même avec l’emploi d’autres termes du vocabulaire politique, tels que "démocratie", "dictature", sans même parler d’"État", de "société", de "gouvernements", etc. On parle de démocratie antique (qui reposait sur l’esclavage), de la démocratie des corporations médiévales, de la démocratie bourgeoise, de la démocratie prolétarienne (au sens d’État), aussi de la démocratie à l’intérieur des partis, des syndicats, des corporations, etc., etc. Le marxisme ne peut renoncer à de telles notions stables, conservatrices, et ne peut se refuser à les appliquer à des phénomènes nouveaux : sans cela, la transmission de la pensée humaine serait en général impossible. Mais le marxisme est tenu, sous peine d’erreur, de définir chaque fois le contenu social de la notion et le sens de son évolution. Rappelons que Marx et Engels ont qualifié de bonapartisme non seulement le régime de Napoléon III, mais aussi celui de Bismarck. Le 12 avril 1890, Engels écrivait à Sorge : "Tout gouvernement actuel devient, nolens volens, bonapartiste". Ce fut plus ou moins vrai alors pour une longue période de crise agraire et de dépression industrielle. Le nouvel essor du capitalisme à partir de 1895 environ affaiblit les tendances bonapartistes, le déclin du capitalisme après la guerre les renforça extrêmement. »