La majorité des femmes choisissent librement de porter le voile islamique
Résumé
Citations
« Il n’existe aucune enquête quantitative qui aurait interrogé un échantillon représentatif de femmes voilées sur leurs motivations. De nombreuses études qualitatives de chercheurs, portant sur des dizaines ou des centaines de femmes, dessinent néanmoins une réponse bien plus nuancée que ce que laissent sous-entendre les discours politiques : en France, s’il y a bien des cas de femmes sur lesquelles on a exercé des pressions verbales ou physiques très fortes, ils sont tout à fait minoritaires. Nous avons interrogé une quinzaine de chercheurs spécialistes du voile, des femmes musulmanes ou des quartiers populaires, et leur avons demandé si, au cours de leurs recherches ou en dehors, ils avaient rencontré des femmes voilées affichant, de manière explicite ou non, des signes de coercition. Tous nous ont affirmé n’avoir soit jamais rencontré une telle situation, soit l’avoir rencontrée de manière très exceptionnelle. »
« Documentariste et chercheuse en sciences sociales, Agnès De Feo a interviewé près de 150 femmes portant le niqab (dont le port est interdit en France au nom de la loi contre « les pratiques de dissimulation du visage dans l'espace public »), 50 femmes portant le djilbeb (une robe longue de couleur sombre, qui couvre l'intégralité du corps mais pas le visage) et des centaines de femmes voilées : « Toutes les femmes que j’ai rencontrées n’avaient pas été forcées, je n’ai jamais rencontré de ma vie une femme forcée à porter le voile. » »
« Idem pour Emmanuel Jovelin, maître de conférences de sociologie à l'Université catholique de Lille, qui a interrogé « une bonne vingtaine » de porteuses de hijab à Stains, en 2009, et en a rencontré beaucoup d'autres au cours de ses activités : « Je n’ai pas trouvé de femmes qui ont subi des pressions pour porter le voile. Je pense que c’est minoritaire. » Idem aussi pour Claire Donnet, chercheuse associée à l'Université de Strasbourg, qui a observé des rencontres qui réunissaient environ 70 femmes voilées et non-voilées et n’a « jamais observé de pressions ». Idem pour Fatiha Ajbli, sociologue spécialisée dans l'étude des discriminations professionnelles subies par les musulmanes, qui entre son mémoire de DEA (équivalent à l'époque du master 2) et sa thèse, a rencontré des « centaines de femmes musulmanes » de 20 à 40 ans. Idem aussi pour Ouisa Kies, chercheuse rattachée à l'École des hautes études en sciences sociales, qui a suivi une quinzaine de personnes de 2003 à 2014. »