La lutte contre l'islamophobie sert les intérêts et l'agenda des pétromonarchies
Résumé
Citations
« (...) l’Organisation de la Conférence islamique, qui tente d’imposer au niveau mondial l’interdit du “blasphème”, au prétexte d’une lutte contre la “diffamation des religions”, et qui vise de fait à imposer la prééminence du droit musulman sur tous les autres. L’OCI, qui regroupe les 57 pays musulmans, s’acharne elle aussi depuis 2001 à assimiler “islamophobie” et “antisémitisme”. Comme de juste, un auteur tel qu’Edward Saïd, écho conforme de l’“anti-impérialisme” dogmatique caractéristique du stalino-gauchisme, cherchait déjà à confondre les deux postures, c’est-à-dire à faire disparaître le qualificatif d’antisémitisme.
“La lutte contre la diffamation des religions” de l’OCI est organisée comme une guerre sainte mondiale contre les Droits de l’Homme (les Nations Unies ont toléré cette ambiguïté baroque entre 1999 et 2011). Malgré des hésitations invraisemblables, le Conseil de l’Union européenne a finalement affirmé en 2009 que “la diffamation des religions n’est pas une notion qui relève des Droits de l’Homme”, et en 2011, le Conseil des Droits de l’Homme à l’ONU a abandonné la “lutte contre la diffamation des religions”. L’OCI a infléchi sa position devant cette résistance croissante, mais ce changement apparent de paradigme n’a fait que déplacer le problème juridique et a peut-être même accentué la confusion sur le sujet de la protection des sentiments religieux, en l’associant plus étroitement que jamais aux mécanismes de la lutte de plus en plus onirique contre le racisme.
J.C. Moreau, spécialiste du droit, déconstruit les tours de passe-passe juridiques dont vit la dénonciation de l’“islamophobie”, perçue non comme une opinion, mais un délit. Malgré tous les efforts de chicane juridique dont sont friands les islamistes, le droit français persiste à distinguer radicalement critique d’un système de pensée, et persécution d’individus concrets. C’est cette distinction que les promoteurs du “concept d’islamophobie” s’acharnent à abolir. »