La force de l'Europe est sa capacité d'autocritique et de comparatisme
Résumé
Citations
« Or une des choses les plus estimables des cultures occidentales (libres et pluralistes, et ce sont là les valeurs que nous considérons comme inaliénables) est qu'elles se sont rendu compte depuis longtemps que la même personne peut être portée à employer des paramètres distincts et contradictoires entre eux, sur des questions différentes. Par exemple, on prend comme un bien l'allongement de la vie et comme un mal la pollution atmosphérique, mais nous percevons parfaitement que, pour avoir de grands laboratoires où l'on étudie l'allongement de la vie, il faut probablement avoir des systèmes de communications et d'approvisionnement qui, ensuite, produisent la pollution.
La culture occidentale a élaboré la capacité de mettre librement à nu ses propres contradictions. Elle ne les résout peut-être pas, mais elle sait quelles elles sont, et elle le dit. En fin de compte, tout le débat sur globalisation ou pas globalisation est là, sauf pour les agités qui veulent absolument que tout soit noir. Comment rendre supportable un quota de globalisation positive en évitant les risques et les injustices de la globalisation perverse ? Comment faire pour allonger aussi la vie des millions d'Africains qui meurent du sida (et allonger du même coup la nôtre) sans accepter une économie planétaire qui fait mourir de faim les malades du sida et nous force à ingérer des aliments pollués ?
[…] Nous remettons continuellement nos paramètres en discussion. Le monde occidental est ainsi fait qu'il accepte que ses propres citoyens puissent nier toute valeur positive au paramètre du développement technologique et se faire bouddhistes, ou aller vivre dans une communauté où l'on refuse de se servir de pneus, même pour les charrettes à chevaux. L'école doit enseigner à analyser et à discuter les paramètres sur lesquels se fondent nos affirmations passionnelles. »