La défense de la liberté d'expression par la droite n'est qu'une façade

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RésuméRésumé

La volonté affichée de défendre la liberté d'expression n'est qu'un moyen de combattre la gauche avec ses propres armes. Elle est la première à la piétiner des lors qu'elle ne l'arrange plus, mais se garde bien de mettre trop en avant cet aspect précis.

CitationsCitations

« Si tu ne devais retenir qu’une chose : retiens ça. La libre expression et la démocratie ne sont pas des valeurs d’extrême-droite. Elle s’en contrefiche. En revanche, elle sait que ce sont des valeurs chères aux autres camps politiques.

Quand elle dit “on me refuse le débat, c’est pas démocratique !” elle nous parodie. Elle n’y croit pas un mot. C’est comme quand elle traite Rokhaya Diallo (militante antiraciste) de raciste, en jubilant.

Le racisme, habituellement, elle s’en fout. Mais elle sait que, nous, non. Donc elle retourne notre valeur contre nous, avec malice.

Pour m’amuser, j’ai tapé “Jean Messiha monarchie” dans Google. Je n’espérais pas grand chose, c’était une bouteille à la mer. Mais… j’ai obtenu un résultat au-delà de mes attentes :

“On a constaté que ceux qui ont incarné la France en la rapprochant le plus d’un régime monarchique, la France a été un grand pays et à chaque fois que ceux qui ont dirigé la France l’ont éloigné de ce modèle monarchique, et bien la France s’est perdue dans des divisions et a été déclassée”

Bingo. Il est favorable aux idées monarchiques. Il considère même que quand on s’éloigne d’un modèle monarchique on s’englue dans des divisions (le concept même de la démocratie). Quand il est avec des gens de son camp, il ne cache donc pas son mépris de la démocratie.

Il en va de même pour la liberté d’expression. Zemmour n’arrête pas de dire qu’on entrave sa liberté d’expression, mais quand un rappeur le met en cause, il intente un procès ! Procès qu’il a d’ailleurs perdu en appel.

Il suffit d’observer les pays où l’extrême-droite prend le pouvoir pour observer que c’est le camp politique qui déteste le plus la liberté d’expression. Poutine ou Orban ne sont pas connus pour leur amour du pluralisme.

Quand Assa Traoré est condamnée pour diffamation, ils jubilent. Quand c’est Marine Le Pen, ils s’insurgent. C’est un double standard.

L’extrême-droite est pour la liberté d’expression uniquement quand elle est marginale ou en conquête du pouvoir. Une fois qu’elle l’a, elle réduit l’opposition au silence. Elle a raison : elle comprend très bien que sa meilleure manière de prendre le pouvoir est de profiter d’une faille de la “démocratie”. C’est-à-dire que si on arrive à convaincre une majorité d’électeurs, on peut prendre le pouvoir et ensuite détruire la “démocratie” de l’intérieur.

Je mets des guillemets à démocratie car le mot correct ici est plutôt république

L’extrême-droite joue sur notre bienveillance. Bien sûr qu’une société saine a une pluralité des idées. Bien sûr que la dictature commence toujours par la censure. On a donc en permanence peur d’y tomber.

C’est notre kryptonite. Ça marche tellement bien que, même quand elle obtient la parole, l’extrême-droite continue à clamer partout qu’elle n’a pas la parole. Zemmour ne voit-il donc pas le paradoxe à clamer partout que ses idées n’ont pas la parole alors qu’il est à la télévision, dans les journaux et dans les librairies ?

Bien sûr qu’il le voit. Mais il fait semblant. Ça peut paraître ridicule, mais ça ne l’est pas. C’est ridicule uniquement si on se place du point de vue de la recherche de la vérité. Mais l’important n’est pas d’avoir raison, l’important est de gagner. Or, cette stratégie est ultra-gagnante. Plus Zemmour crie qu’il est censuré et plus on lui offre des tribunes. Pourquoi arrêterait-il ?

Non seulement l’extrême-droite appelle à la liberté d’expression de manière hypocrite mais en plus elle a une conception du débat très loin de l’objectif démocratique. Pour, elle, le but du débat d’humilier l’adversaire. Une épreuve de force. Une question d’honneur.

“C’est une pitoyable dégonflade. Moi je lui offrais un duel et quand un adversaire d’un duel est considéré comme s’étant retiré, il est déshonoré. Ce sont les règles de l’honneur, une matière que connaît mal Jacques Chirac”

Voilà comment a réagi Jean-Marie Le Pen face au refus de Chirac de débattre avec lui. On dirait un argument de cour de récréation et pourtant c’est très courant à l’extrême-droite. Parce qu’ils n’imaginent pas le débat comme un exercice de recherche de vérité mais un duel qui permet de prouver la puissance du chef. »

Nicolas Galita, « Il ne faut jamais débattre avec l’extrême-droite », Medium.com, Mar 9, 2021.

RéférencesRéférences

Arguments pourJustifications

Arguments contreObjections

  • Argument contreIl est contradictoire de passer son temps à justifier la censure "de gauche" puis à prétendre que la liberté d'expression est une valeur de gauche !