Lénine et les bolchéviks ne sont pas responsables de la guerre civile
Résumé
Citations
« Dès l'été 1918, rappelle Nicolas Werth, les armées blanches étaient solidement établies sur trois fronts et les bolchéviks « ne contrôlaient plus guère qu'un territoire réduit à la Moscovie historique ». Les dispositions de la terreur sont prises en août-septembre 1918, lorsque l'agression étrangère et la guerre civile ont commencé. De même, dans la Révolution française, Danton proclame la terreur pour canaliser la terreur populaire spontanée qui éclate avec les massacres de septembre devant la menace que fait peser sur Paris l'avancée des troupes coalisées de Brunswick. Il admet donc que la responsabilité dans le déclenchement de la guerre civile n'est pas du côté de la révolution. »
« Avant Octobre y-a-t-il eu de sanglantes actions armées organisées ? A cette question précise il y a en tout cas une réponse incontestable : oui, du côté des militaires tsaristes. A Moscou en juillet 17, des élèves officiers, espérant déclencher un soulèvement contre-révolutionnaire, ont organisé un massacre et fusillé des soldats devant le mur du Kremlin, dit Lénine au Soviet de Pétrograd. Vrai ou faux ? Nos auteurs se dispensent d'en parler … Mais quand le peuple eût remporté la victoire, poursuit Lénine, il rendit aux ennemis non seulement les honneurs de la guerre mais encore leurs armes ( t. 26 p. 306)- ce dernier fait est de ceux qui le conduisent à constater la grande naïveté qui règne encore dans le peuple et chez les bolcheviks même face à un adversaire s'avérant d'emblée sans scrupules. Avec ce soulèvement des élèves-officiers, la bourgeoisie a déclenché la guerre civile, dit Lénine au IIème congrès des députés-paysans début décembre (376). Il avait écrit dès août 1917, répondant à une question Qui a commencé : ce n'est ni le gouvernement ni les Soviets, c'est la bande contre-révolutionnaire des officiers groupés autour de l'état-major général (t. 25, 224). L'accusation est précise ; elle n'est pas réfutée mais occultée par les antiléninistes. »
« J'en étais là dans l'écriture du présent texte lorsque parut, début 2017, un nouveau petit livre de Nicolas Werth portant entièrement sur l'année 1917. Sa lecture me réservait une vraie surprise : l'histoire werthienne y a très sensiblement changé en mieux, pour une part au moins, dans son orientation même […] Selon cet esprit Nicoas Werth esquisse, dans le petit nombre de pages dont il dispose, une histoire de l'année 1917 brossée avec maîtrise et dont la tonalité d'ensemble comme le sens général tranchent non point avec sa seule contribution d'il y a vingt ans au livre noir du communisme, mais chose marquante, avec les deux versions bien plus récentes de son histoire de l'Union Soviétique. Emblématique de cette reconsidération assez globale est la manière neuve dont Nicolas Werth traite ici Lénine et son action […] : ses importantes intiatives de début septembre en faveur d'un compromis (p.90-91) qui dans l'Histoire de l'Union Soviétique étaient non seulement omises mais déniées. Dès lors le portrait politique de Lénine change de spectaculaire façon : n'ont plus place ici son prétendu choix de principe en faveur de la guerre civile ni sa supposée idéologie terroriste ; il lui est même reconnu d'être très prudent lors de la crise de juillet (p. 72) . »