L'islam comporte un volet juridique (= lois et interdits divins) qui demande d'être pris en compte et complique son rapport avec la République
Résumé
Citations
« « Lorsque l’islam, comme religion, entre en Europe, il ne le fait pas seulement comme une religion, à l’instar du bouddhisme. Il y entre à titre de civilisation qui forme une totalité organique » (Rémi Brague, « Sur le “vrai” Islam », revue Commentaires, n° 149, printemps 2015, p. 13).
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Ce qu’il faut retenir
- Le Dieu de l’Islam est le Législateur suprême. Il s’ensuit que l’Islam n’est pas qu’une religion, il est aussi, et inséparablement, une Loi.
- Dans l’Islam, tout vient de Dieu, qu’il s’agisse du bien ou du mal.
- La Loi coranique relève de l’arbitraire divin. Elle ne cherche pas d’abord ce qui convient à l’homme mais ce qui plaît à Dieu.
- Le Dieu de l’Islam n’ayant pas tout prévu dans l’ordre législatif, Il délègue une partie de son pouvoir à Mahomet, « le beau modèle » (Coran 33, 21).
- Même si la loi d’un Etat musulman ne prescrit aucune sanction pour tel ou tel crime, n’importe quel juge, mais aussi la famille du « coupable », a le droit de se référer à la charia, qui est toujours réputée supérieure aux lois humaines.
- La charia n’a jamais été ni unifiée ni codifiée.
- Seule une dizaine d’Etats musulmans ne font aucune référence dans leurs Constitutions à la valeur normative de la charia.
- A l’exception de l’Arabie-Séoudite et du Yémen, la plupart des Etats musulmans ont adhéré à la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Mais la plupart des Etats signataires n’ont pas accordé leurs législations avec les principes de ces documents en raison de leur incompatibilité avec la charia.
En Europe, beaucoup de musulmans revendiquent désormais le droit de vivre selon les règles de la charia, inséparables selon eux de leurs croyances religieuses. »
« Vous ne partagez pas l’affirmation commune qui voit dans l’islam à la fois une religion et un système politique : la réalité ne démontre-t-elle pourtant pas cette confusion ? Le slogan est celui des Frères Musulmans. La réalité est à la fois plus ouverte et plus sombre. Plus ouverte en ce que les sources que les musulmans croient révélées, le Coran et le Hadith, ne disent rien de précis sur la forme de gouvernement voulue par Allah. Si, de fait, tous les pays musulmans sont aujourd’hui des monarchies, royautés ou dictatures plus ou moins avouées, rien ne s’oppose en principe à la forme démocratique de l’État. Plus sombre, aussi, en ce que la revendication islamique ne porte pas seulement sur la vie politique, mais sur la totalité des normes qui régissent la vie humaine, donc aussi la morale personnelle, familiale, sociale, économique, etc. Une démocratie islamique serait gouvernée par des présidents, ministres, députés, etc., qui seraient élus selon le mécanisme du vote majoritaire. Mais ils ne pourraient légiférer en se fondant sur leur conscience. Tous jusqu’au dernier se considéreraient tenus de se régler sur telle ou telle forme de la charia. Ce qui pourrait aboutir à un contrôle par un conseil de docteurs de la Loi, comme dans l’Iran actuel. »