Inventer de nouveaux modèles
Résumé
Avec l'effondrement des idéologies, on se trouve face à un vide positif : nous devons réinventer de nouveaux modèles (développement, famille, travail, etc.) ; loin d'être négatif, il s'agit d'un défi : "il ne faut pas conserver le monde, il faut l'inventer" (T. Guénolé)
(notamment nous devons surmonter la fragmentation et retrouver des enceintes de débats où élaborer des vérités --> citation)
La crise actuelle pourrait bien être une transition vers un autre modèle de société et une chance pour proposer des "utopies réalistes" : notamment, "la fin du travail"
L'automatisation et l'informatisation créent, aujourd'hui, une part de chômage (fin des grandes industries, etc.). Il est possible de penser à une autre économie, qui libérerait les hommes de la plupart des tâches, comme le proposait le candidat Benoît Hamon, dans le sillage de travaux comme ceux de Dominique Méda sur "la fin du travail". Ces utopies prennent racine dans la contre-culture américaine notamment et une vision différente de l'homme, de son rapport à la terre et à la vie.Citations
« Il s’agit maintenant d’inventer de nouveaux modes d’action, qui tiennent compte, dans leur structure même, de la complexité. On ne peut plus espérer « changer le monde » avec les organisations telles qu’on les a connues, qui chacune se trouve en lutte contre les autres, et tente d’imposer une vision du monde – religieuse, politique ou thérapeutique, le domaine importe peu. Nous allons esquisser d’autres formes d’action, qui engramment à leur naissance l’ouverture d’esprit et la complémentarité des approches. »
« Alan Watts — Assurer pour tout le monde nourriture, confort et soins médicaux et fondamentalement une question de technologie.
Jusqu’à la moitié du XVème siècle, l’Orient et l’Occident en étaient au même point : pas d’égouts, pas de sécurité sociale, des lois et des institutions également barbares.
C’est au milieu du me siècle, avec la révolution industrielle, que nous avons découvert qu’il était possible de donner une chance de survie égale à tous. Cette découverte essentielle, l’Orient ne l’a pas faite pour bon nombre de raisons très complexes. Quant aux raisons pour lesquelles c’est en Occident qu’elle s’est faite en premier, elles n’ont aucun rapport ni avec le christianisme ni avec nos institutions.
P. — Ce que vous dites est singulier ! On pense généralement que c’est la pensée spécifique de l’Occident chrétien qui a permis le progrès et la démocratisation.
A.W. — Le christianisme n’y est pour rien. Avant le XIXe siècle, on chantait dans les églises un cantique qui disait : « Le Seigneur Dieu a créé toutes choses belles et harmonieuses, il a fait les créatures grandes ou petites, le riche dans son château et le pauvre à sa porte, riches ou humbles selon l’ordre qu’il a établi. » Le christianisme a toujours considéré la pauvreté comme allant de soi, au même titre que le Soleil ou la Lune. L’idée d’y changer quelque chose n’a pas germé avant le ’axe siècle et la révolution industrielle, au moment où il est devenu possible d’y remédier. C’est seulement à partir de ce point dans le temps que l’on a pu imaginer un monde d’où la pauvreté aurait disparu.
La difficulté à laquelle on se heurte ensuite n’est pas technique, mais psychologique. Elle naît de ce que les gens ne comprennent pas que l’argent est une fiction. L’idée que l’or est une richesse est une superstition aussi archaïque que la saignée. L’argent n’est qu’un instrument de comptabilité. Chaque nation devrait être une sorte de banque en société anonyme qui ouvrirait à sa population un crédit suffisant pour permettre la circulation de la production. Sinon, comme elle économise du travail, l’automation créera de plus en plus de chômage. Qu’attendait-on des machines, sinon qu’elles travaillent à notre place et qu’elles gagnent notre argent pendant que nous resterions assis au soleil à fumer et à boire du vin ? Mais si la communauté ne distribue pas les richesses à l’homme qui se repose pendant que la machine travaille pour lui, le producteur ne peut plus écouler ses produits. Les machines sont nos esclaves communs, elles ne sentent rien et ne se plaignent pas. »