Déshumaniser l'ennemi, c'est le début du processus totalitaire

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Débat parentCet argument est utilisé dans le débat Faut-il débattre avec l'ennemi ?.
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« Tout discours visant à déshumaniser un individu, un groupe, une pratique, entend d’abord exprimer une réprobation morale. La déshumanisation discursive suscite l’infériorisation morale de l’Autre : elle souligne, selon les contextes, la faiblesse morale, l’impureté morale, la bassesse morale de ceux qui sont exclus de l’humanité. Elle consiste également, en contrepoint, à magnifier ceux qui sont censés appartenir à l’humanité, et donc à un ordre supérieur. […]

la déshumanisation verbale peut alors fonder la déshumanisation en pratique.

Quand la rhétorique déshumanisante s’exprime sous ses formes les plus extrêmes, elle peut ainsi donner lieu aux actes plus

violents. Les massacres de masse constituent à cet égard un témoignage éloquent de ce processus. Comme l’ont montré les

travaux de Jacques Sémelin, les massacres de masse perpétrés durant les conflits armés s’accompagnent d’un lexique

déshumanisant qui identifie l’ennemi moral et politique à travers tout un réseau de métaphores, d’analogies et de représentations

dépréciatives. Il existe, pour reprendre l’expression de Sémelin, un véritable « imaginaire du génocide », fondé sur la déshumanisation, qui rend possible la justification idéologique de la destruction de l’Autre. »

Jérôme Ravat, « Déshumanisation discursive et désaccord moral », Ethica, 2015.

RéférencesRéférences

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