Contrairement à la légende inventée par l'historiographie stalinienne, l'opposition à l'insurrection d'Octobre au sein du parti bolchévik dépassait largement celle de Zinoviev et Kamenev
Résumé
Citations
« Les tentatives faites plus tard par l’historiographie officieuse pour présenter les choses de telle façon que tous les dirigeants du parti, sauf Zinoviev et Kamenev, se seraient prononcés pour l’insurrection, sont démolies par les faits et les documents. Sans omettre de dire que ceux qui votaient pour l’insurrection étaient fréquemment disposés à la différer jusqu’à une date indéterminée, les adversaires avoués de l’insurrection, Zinoviev et Kamenev, n’étaient pas isolés, même au sein du Comité central : leur point de vue était entièrement partagé par Rykov et Noguine, absents de la séance du 10, et Milioutine leur était proche. « Aux sommets du parti, l’on observe des fluctuations, une sorte de peur de la lutte pour le pouvoir » – tel est le témoignage de Lénine lui-même. D’après Antonov-Saratovsky, Milioutine, qui arriva après le 10 à Saratov, « parlait d’une lettre d’Illitch exigeant "qu’on s’y mette", parlant des tergiversations du Comité central, de "l’échec" primitif de la proposition de Lénine, de son indignation, et, enfin, de ceci que tout s’orientait vers l’insurrection ». Le bolchevik Sadovsky écrivit plus tard au sujet « d’un certain manque d’assurance et de détermination qui régnait en ce temps-là. Même au sein de notre Comité central, en cette période, il y avait, comme on sait, des frictions, des conflits, on se demandait comment commencer et s’il fallait commencer ». »