À la veille de l'insurrection d'Octobre, même le bataillon conservateur des motocyclistes avait rejoint les bolchéviks
Résumé
Citations
« À l’intérieur même de la forteresse [Pierre-et-Paul], la situation ne peut pas être encore considérée comme tout à fait sûre. L’incertitude vient du bataillon des motocyclistes. Comme les cavaliers, les motocyclistes, originaires de familles paysannes cossues et riches, ou de la moyenne bourgeoisie des villes, constituent les éléments les plus conservateurs de l’armée. […] Appelé pour écraser le mouvement de Juillet, le bataillon s’était emparé avec zèle, à un certain moment, du palais de Kczecinska, et avait été ensuite, en qualité de contingent particulièrement sûr, installé dans la forteresse Pierre-et-Paul. […] « Nous décidons d’organiser un meeting spécial pour les motocyclistes – écrit Blagonravov – et d’y inviter nos meilleurs agitateurs, en première ligne Trotsky, qui jouit d’une immense autorité et influence parmi la masse des soldats. » Vers quatre heures de l’après-midi, tout le bataillon se rassembla dans le local voisin du Cirque Moderne. À titre de défendeur, de la part du gouvernement, parla le général Parodelov, qui était considéré comme un socialiste-révolutionnaire. Ses objections étaient tellement circonspectes qu’elles semblaient équivoques. D’autant plus accablante était l’offensive des représentants du Comité. Ce qui suivit, comme bataille oratoire, pour la conquête de la forteresse Pierre-et-Paul, se termina ainsi qu’il fallait le prévoir : à l’unanimité moins trente voix, le bataillon approuva la résolution de Trotsky. Encore un des conflits armés possibles était résolu avant la bataille et sans effusion de sang. Telle est l’insurrection d’octobre. Tel est son style. L’on pouvait désormais compter sur la forteresse en toute tranquillité. »
« Les résultats du meeting au Cirque moderne se manifestèrent ailleurs encore : les motocyclistes qui, depuis juillet, montaient la garde au palais d’Hiver, abandonnèrent de leur propre gré le service, déclarant qu’ils ne consentaient plus à protéger le gouvernement. C’était un coup sérieux. Il fallut remplacer les motocyclistes par des junkers. Le soutien militaire du gouvernement se réduisait de plus en plus aux écoles d’officiers, et ainsi non seulement il était restreint au dernier degré, mais il révélait définitivement sa composition sociale »