Le polyamour est-il l'avenir du couple ?
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Pour comprendre le débat
L'allongement de la durée de vie condamne-t-il le couple traditionnel ?
"(...) deux jeunes gens, hétéros ou homos, qui s’unissent aux alentours de 25 ans arriveront-ils à rester fidèles l’un à l’autre et à continuer à s’aimer jusqu’à 85 ans, soit durant encore 60 années ? La question froidement posée laisse songeur. Sans idéologie religieuse ni contrainte sociale absolue, qu’est-ce qui va permettre de tenir un engagement si profond ? Les femmes travaillent, elles ne sont plus obligées de subir un compagnon qui les fatigue pour pouvoir survivre. En cas de conflits latents et prolongés, rien ne les empêche de divorcer. Mettons à part les unions exceptionnelles, celles qui durent dans un émerveillement perpétuel. Reste les autres… Il faudra donc reconnaître, ce que personne ne veut entendre mais que tout le monde sait, que l’engagement amoureux ne peut être que provisoire. En ce cas il faudrait presque établir un « mariage biodégradable », prévoyant sa propre dissolution de la façon la plus indolore possible ; c’est toute une éducation qui se trouve à repenser. Les gens continuent à vivre avec l’idée mythique d’amour « éternel » alors que celui-ci n’existe qu’à d’infimes exemplaires… Nous n’avons pas encore accordés la réalité qui nous entoure et nos représentations.
Dans cette perspective plus réaliste, une autre alternative se dessine. Il faudra peut-être retrouver le sens d’un mariage solide, sans pour autant renoncer à la passion et à la rencontre d’êtres différents. Il s’agira d’essayer de concilier deux aspects difficiles à équilibrer avec un partenaire unique : la variété de la passion, la stabilité du couple et de la famille.(...) Cela donnerait des relations modulaires… et à voir le monde tel qu’il évolue, c’est ce qui se produit sans que les gens ne se l’avouent explicitement. Les personnes continuent à valoriser le couple, pour garantir une certaine stabilité aux enfants, alors qu’elles mènent des liaisons parallèles. Remarquons la similarité de structure avec l’amour courtois, qualifié d’adultère, ou de triolisme médiéval ! « Un troubadour de Prades déclarait même tout tranquillement qu’il avait trois amours : une prostituée pour son plaisir, une demoiselle pour son agrément mondain et une Dame pour sa délectation cérébrale. » (Emmanuel-Juste Duits, L'Autre désir - du sadomasochisme à l'amour courtois, La Musardine, coll. L'Attrape-corps, 2000).
Le polyamour est une réponse à un mariage fondé sur des bases anciennes. Il représente peut-être la forme de couple qui deviendra importante dans le futur, de mieux en mieux comprise et acceptée, considérée comme normale et souhaitable. Mais ce polyamour pose aussi question. Est-il vraiment tenable sur le long cours pour un couple ? Ne s'oppose-t-il pas d'ailleurs à la morale, même une morale non religieuse ? Et in fine, correspond-t-il aux aspirations de la plupart, qui rêvent encore d'amour éternel ?
Arguments « pour »
Arguments « contre »
Pour aller plus loin
Bibliographie
- Paule Salomon, Bienheureuse infidélité, Albin Michel.
- Emmanuel-Juste Duits, L'Autre désir (Du sadomasochisme à l'amour courtois), La Musardine, 2000.
- Desmond Morris, Le Singe nu, Le Livre de poche.
- Suzanne Lilar, Le Couple, Grasset, 1970.
- Sarane Alexandrian, Les libérateurs de l'amour, Le Seuil.
- Denis de Rougemont, L'amour et l'occident, 10/18.
Sitographie
- Le polyamour, la nouvelle alternative au couple ?, Lucile Bellan, France Inter, 11/07/24.
- Polyamour, union libre, vie séparée : quel couple aujourd’hui ?, L'humanité, 13/02/24.
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