Le Rassemblement national instrumentalise certaines minorités pour maquiller son racisme
Résumé
Citations
« Nous refusons que certains se présentent, ici et ailleurs, comme les défenseurs progressistes et exemplaires de nos droits, tout en détournant nos luttes contre l’homophobie et le sexisme à des fins racistes. Nous nous opposons à tous les discours, de l’extrême droite à une gauche autoproclamée «républicaine», fondés sur un imaginaire colonial selon lequel le sexisme, l’homophobie, la transphobie se manifesteraient spécifiquement, voire exclusivement, dans certaines banlieues et seraient le fait des musulman·e·s (ou supposé·e·s comme tel·le·s) et des classes populaires. Bien au contraire, l’homophobie, la transphobie et le sexisme traversent l’histoire passée et présente de la société française et la structurent : ils sont produits et légitimés en premier lieu par les cercles de pouvoir. Il en est de même avec l’antisémitisme, que nous dénonçons d’où qu’il vienne, tout comme l’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme à des fins de stigmatisation des minorités musulmanes et des quartiers populaires. Maintenant que l’homophobie et la transphobie sont en partie reconnues par l’Etat, on voudrait nous faire croire que seules les personnes non blanches seraient homophobes et transphobes, et que les «minorités» raciales et les «minorités» sexuelles seraient vouées à se combattre. Par exemple, l’homophobie d’un chanteur de rap noir ou d’un imam menacerait l’intégrité de la République, mais on traitera avec complaisance celle d’un chanteur de variété blanc, d’un ministre ou d’un cardinal associant droits des homos, perversion et terrorisme dans un hommage officiel à une victime. Un responsable politique d’un pays du continent africain tenant des propos homophobes suscitera l’indignation de la classe politique et médiatique, mais il ne faudrait pas se poser de questions quand bon nombre de personnalités ouvertement lesbiennes ou gays défendent des positions racistes et islamophobes. Nous ne jouerons pas ce jeu-là. Tout d’abord, nous soulignons qu’il y a parmi nous, comme dans l’ensemble de la société, des homos, des trans et des inter qui sont aussi noir·e·s, arabes et musulman·e·s. Par ailleurs, nous affirmons notre solidarité avec les personnes qui subissent l’homophobie, la transphobie et le sexisme partout dans le monde, et parmi elles, celles auxquelles la France refuse l’asile. Nous affirmons également notre solidarité avec les personnes qui subissent le racisme partout dans le monde, et parmi elles, celles qui sont exposées aux politiques racistes de l’Etat français. Contre l’instrumentalisation des luttes à des fins de division et contre les certitudes simplistes des pseudo-universalistes, nous assumons la complexité de notre positionnement et faisons donc le pari politique de l’alliance. »