L'immigration n'a pas d'influence sur les salaires
Résumé
Citations
« En juin, le gouvernement britannique* recensait près de 831 000 visas accordés sur un an. Un chiffre en baisse de 61% par rapport à l'année précédente, en raison de la pandémie. Seuls 21% de ces titres de séjour concernaient des travailleurs. La hausse des salaires observée au Royaume-Uni apparaît donc bien plus comme une conséquence de la crise économique provoquée conjointement par le Covid-19 et le Brexit que par la politique migratoire du gouvernement de Boris Johnson.
Si l'exemple britannique semble mal choisi, Marine Le Pen a-t-elle pour autant tort d'affirmer que l'immigration a pour conséquence de tirer les salaires vers le bas ? Cette question est au centre de nombreux travaux de recherche menés par des économistes depuis des décennies, notamment ceux de l'économiste canadien David Card, qui vient de se voir décerner le prix Nobel d'économie. L'universitaire a étudié (en PDF)* l'épisode de l'exode de Mariel, qui vit 125 000 Cubains, expulsés par le régime de Fidel Castro, affluer aux Etats-Unis, en particulier à Miami, en 1980. Le chercheur s'est intéressé aux conséquences de cette arrivée soudaine et massive d'immigrants sur le taux de chômage et le niveau des salaires dans la métropole américaine, comparée à des villes voisines. Conclusions : une augmentation de 1% de la proportion d'immigrés dans la population ne s'accompagne que d'une réduction de 1,2 % des salaires de la population locale la moins qualifiée. Surtout, elle entraîne une diminution du chômage de 0,25 %.
En 1992, l'économiste Jennifer Hunt s'est elle penchée sur les populations rapatriées d'Algérie dans le sud de la France en 1962 après l'indépendance. A l'époque, la hausse de 1% de la proportion de rapatriés dans la population locale s'était accompagnée d'une réduction de salaires de 0,8% et d'une hausse du chômage de 0,2%. »