L'Etat entretient le mythe de la guerre civile pour des raisons politiques
Résumé
Citations
« Il y a dix ans, dans une somme particulièrement lucide sur notre monde, La Dissociété, Jacques Généreux avait pris le parti de dénoncer ce qu’il comprenait déjà comme une guerre civile. Dans le même sens que Giorgio Agamben, il dénonçait la stratégie de l’État de sécurité, de cet état d’urgence qui a, en réalité, « bien du mal à faire reculer la violence globale puisqu’elle n’en combat jamais les causes », et qu’en conséquence « le risque est grand de devoir indéfiniment consentir de nouvelles dépenses et renier les libertés publiques, sans effet notable sur l’insécurité réelle comme sur le sentiment d’insécurité ». Et c’est à partir de ce premier constat que l’avertissement de l’économiste politique prenait le tour le plus critique : « Dans une nation qui préserve au moins l’apparence d’une démocratie, le gouvernement engagé dans ce cercle vicieux (du sécuritaire) doit justifier l’injustifiable devant des électeurs : un État policier qui ne fait pas vraiment la police ! La poursuite d’une telle politique, dans un régime d’élections libres, ne peut reposer que sur le mensonge et la stimulation d’une peur irrationnelle qui, à défaut de légitimer vraiment cette politique, peut du moins entretenir l’illusion de sa nécessité. Paradoxalement, dans ce monde de fous, toute nouvelle violence un peu spectaculaire est bonne à prendre puisqu’elle vient justifier une politique dont elle révèle pourtant la vanité ! » »